DROIT À LA MOBILITÉ
Malgré une
condamnation en justice et une censure de Télé-Bruxelles,
les Collectifs Sans Tickets (CST) poursuivent
leurs actions…
TÉLÉ BRUXELLES
CENSURE UNE ÉMISSION SUR L’ACCÈS AUX TRANSPORTS
Le samedi 03/11, la diffusion en boucle sur la chaîne régionale Télé Bruxelles de l’émission Coup de pouce consacrée aux déplacements à Bruxelles a été brutalement interrompue à mi-parcours.
En effet, après trois passages (à 12h, 13h et 14h), cette émission de 26 minutes a été retirée de l’antenne et remplacée précipitamment par une programmation culturelle, au lieu de repasser comme prévu à 15h, 16h et 17h. Les 6 diffusions prévues ce mercredi 07/11 après-midi risquent fort elles aussi de passer à la trappe.
Aucun problème technique n’est en cause. La déprogrammation de Coup de pouce vise le contenu de l’émission, réalisée pour partie en coopération avec le Collectif sans ticket de Bruxelles (CST) et enregistrée depuis le 20 octobre, c’est à dire quinze jours avant le passage sur antenne.
Que contient l’émission litigieuse ? Six séquences plateau et cinq vidéos au fil desquelles s’exprime une parole d’usagers de l’espace public, utilisateurs des transports en commun bruxellois (Collectif sans ticket), personnes à mobilité réduite (association Handiplus), cyclistes quotidiens ou encore étudiants en communication engagés par l’Atelier de Recherche et d’Action Urbaines (ARAU) pour promouvoir des modes de déplacement écophiles et durables (marche, vélo et transports publics). Le CST, sur qui s’ouvre l’émission, y présente très brièvement les raisons de son existence : la construction de l’accès gratuit comme réponse concrète et enthousiasmante aux déséquilibres économiques, écologiques et sociaux dominants dans le champ des transports. Deux vidéos illustrent ce propos : “Paroles d’usagers”, une récolte de témoignages sur l’accès payant aux transports en commun vu par en bas et les pratiques quotidiennes qui en découlent; “Free Zones”, 3 minutes d’images montrant les équipes volantes d’usagers du CST en discussion dans le métro avec d’autres voyageurs, pendant l’une de nos opérations régulières de prévention des contrôles.
Selon les renseignements recueillis auprès des coordinateurs de Coup de pouce, le rédacteur en chef de Télé Bruxelles, Mr Marc de Haan, a fourni trois motifs pour justifier le brusque retrait de l’émission, motifs confirmés aujourd'hui par un courrier recommandé. Tous trois se focalisent sur le Collectif sans ticket.
1) La démarche du CST a été condamnée par le Tribunal des référés. Télé Bruxelles, en acceptant de laisser des usagers du CST s’exprimer sur ses ondes, s’exposerait elle-même à des poursuites et à une condamnation.
Nous pouvons rassurer pleinement les programmateurs de la chaîne sur ce point. Si l’ordonnance rendue le 22 octobre dernier décrète des astreintes financières pour certaines formes de solidarité pratique entre usagers (les Free Zones notamment), en revanche elle place explicitement hors du champ des poursuites toute manifestation de la liberté d’expression, c’est à dire ici toute diffusion de document (avec mention d’un éditeur responsable) et toute prise de parole en faveur de l’accès gratuit aux transports. L’incitation à voyager sans titre de transport officiel et l’invitation à se signaler mutuellement les contrôles de billets sont elles-mêmes précisément reconnues dans ce jugement en référé comme des visages légitimes de la liberté d’expression. On lit entre autres, p.14 de l’ordonnance: “Ainsi, les tribunaux ne peuvent censurer un discours au seul motif qu’il tend à inciter à la désobéissance. La liberté d’expression est à ce prix (...)” et, plus loin : (...) il ne ressort pas de façon évidente et flagrante que (...) le discours (...) tendant à inciter les usagers à ne pas payer leur titre de transport constituerait une violation de l’article 66 du Code pénal et (...) rendrait de ce fait co-auteur des infractions commises par les usagers qui l’auraient écouté”.
Sur ce premier point donc, de deux choses l’une. Soit ceux qui ont décidé de suspendre Coup de pouce n’ont pas lu le jugement derrière lequel ils s’abritent pour motiver leur acte, soit ils font preuve de mauvaise foi.
2) L’émission relaie de manière flagrante un appel à la fraude
Débarrassée de l’alibi d’une “obligation judiciaire”, la responsabilité éditoriale de Télé Bruxelles apparaît telle qu’elle. C’est maintenant le sens moral des propos tenus dans l’émission qui est montré du doigt.
Ce faisant, le rédacteur en chef de Télé Bruxelles se méprend sur le contenu d’une émission qui ne relaie en rien un “appel à la fraude” mais bien un double constat : à travers une série de témoignages, des usagers racontent la manière dont l’accès payant aux véhicules les contraint à des pratiques de débrouille, d’esquive ou de fuite des contrôles, tandis que d’autres, à travers les initiatives du CST, expliquent la manière dont ils sortent la question de l’accès au grand jour, hors du seul domaine du “bricolage individuel”, de l’isolement et de la clandestinité face à ses besoins et ses désirs de déplacement. La “fraude”, les premiers la vivent comme un pis-aller quotidien, les seconds comme l’opposé même de leur démarche. L’usage de la carte de droit aux transports et les Free Zones consistent justement à faire émerger comme enjeu collectif et source de responsabilités ce que les statistiques sur les taux de fraude dissimulent et ce qu’une posture de fraude tend à maintenir dans le registre du marginal.
En l’espèce, parler “d’appel à la fraude” c’est ne pas comprendre l’émission annulée ce 05/11.
C’est aussi et surtout refuser à la question de l’accès les moyens d’être abordée enfin comme elle mérite de l’être, à savoir politiquement plutôt que policièrement.
Notons également qu’en suspendant la diffusion de ce qu’elle proclame être une “incitation à la fraude”, la direction de Télé Bruxelles manifeste une vision pour le moins réductrice des capacités critiques de ses propres téléspectateurs. Si elle craint que certains d’entre eux ne parviennent pas à distinguer un processus de désobéissance civile d’une attitude de fraude, elle démontre seulement par là la nécessité d’une information et d’un débat public plus soutenus dans ce domaine. Priver quiconque de son droit à l’expression n’a jamais fait avancer la compréhension des dossiers et des phénomènes en cours.
3) L’émission ne respecte pas les droits de toutes les parties, en ne donnant pas la parole à la STIB. C’est une émission de propagande.
Cette critique s’en prend au manque d’objectivité ou de sérieux journalistiques de l’équipe qui a réalisé ce Coup de pouce. Sans vouloir parler à la place des bénévoles aux commandes de Coup de pouce depuis 4 ans, contentons-nous de faire remarquer que cette émission ne prétend pas au statut journalistique. Elle défend un point de vue, se présente comme un espace d’expression tourné vers ceux auxquels les médias prêtent généralement peu l’oreille. Elle se signale aussi dans le reste de la programmation de Télé Bruxelles par une liberté de ton très appréciable. La liberté de ton est parfois rebaptisée “propagande” lorsqu’elle déplaît.
Invoquer soudain un “droit de toutes les parties à s’exprimer” a ici de quoi faire sourire. Si nous étions mesquins, le CST demanderait à Télé Bruxelles un petit temps d’antenne pour chaque intervention de la STIB ou du ministre Chabert sur les questions d’accessibilité aux transports, de politique tarifaire, de lutte contre la fraude, etc. Il y aurait bien là matière à enregistrer l’équivalent de 3 ou 4 autres Coup de pouce.
Condamnation, fraude, propagande. Ces trois termes affligeants, qui résument les motifs avancés par le rédacteur en chef de la chaîne bruxelloise pour justifier sa décision unilatérale de censure, sont le reflet inversé du contenu de l’émission prise pour cible, bien au-delà du cas du CST. Cette émission met en scène des acteurs sociaux qui affichent haut et clair la possibilité d’embellir la ville en y re-cyclant (usage du vélo en milieu urbain) ou par des gestes d’entraide élémentaires (comme les Free Zones)... Elle donne à entendre des administrés, membres actifs de l’association Handiplus ou utilisateurs de la carte de droit aux transports, qui promeuvent un usage réapproprié et non commercial de services de transport dont les “experts” nous prédisent la libéralisation rapide... Elle répercute un discours direct, argumenté et construit quant à l’urgence d’un travail sur les normes qui privilégient l’usage collectivement destructeur de la voiture privée... Et surtout elle donne libre cours à une joie partagée, à ce vaste éclat de rire parti des quais du métro pour se propager aux véhicules, visiter les dépôts, aérer les mezzanines de billetterie et les agences commerciales de la STIB, animer des assemblées d’usagers, alimenter des débats syndicaux, enthousiasmer des comités de quartier...
Sur Télé Bruxelles, l’ARAU, les cyclistes quotidiens, Handiplus et les usagers proches du CST ne sont pas censurés aujourd’hui parce qu’ils incitent au désordre.
Ils le sont parce que leur joie politique est dangereusement communicative.
Écrivez à Télé Bruxelles :
32-34 rue Gabrielle Petit
1080 Bruxelles
Tél : (0032) 2 / 421.21.21
Fax : (0032) 2 / 421.21.22
Courriel : telebruxelles@euronet.be
18eme OPÉRATION "FREE ZONE"
DU COLLECTIF
SANS TICKET À BRUXELLES
La Free Zone du vendredi 16 novembre s'est
déployée sur le réseau de la STIB entre 19h et 21h. La mise en route de la
quinzaine de participants fut assez laborieuse, retardée par des préparatifs
techniques (répartition des téléphones portables, etc.) qu'il n'avait pas été
possible de régler avant le rassemblement au café-point de départ.
Cependant, une fois lancée, l'opération n'a
pas tardé à porter ses fruits. Le dispositif d'annonces préventives mis en
place a fait carton plein. Postés sur les quais des stations immédiatement antérieures
à celles où les contrôles avaient lieu, les Free Zoneurs et Free Zoneuses ont
pu avertir les usagers d'une cinquantaine de convois : "Bonjour, Opération
Free Zone du Collectif sans ticket. Des contrôles de la STIB ont lieu en ce moment
à la station suivante, n'y descendez pas si vous n'avez pas de ticket". Si
la plupart des voyageurs avertis suivaient ce conseil et restaient dans la rame
une station de plus que prévu, d'autres - les plus athlétiques? - bondissaient
du véhicule avant la fermeture des portes. Ces usagers "rescapés" se
comptant par dizaines, on peut raisonnablement évaluer le nombre d'amendes évitées
à 150 ou 200.
Les marques de sympathie n'ont une fois de
plus pas manqué, tout comme les demandes d'info sur la manière de prendre part
aux prochaines Free Zones.
Malgré notre présence visible sur le réseau,
les agents de la police fédérale du métro, eux, n'ont pas montré le bout du
nez. Rappelons qu'ils sont les seuls à être habilités, avec les huissiers, à
appliquer aux pratiques d'entraide entre usagers les astreintes de 5000 fb
décrétées récemment. Doit-on comprendre par là que la direction de la STIB ne
s'attendait pas à la poursuite des Free Zones? «Le CST-Bruxelles
Collectif
sans ticket - Bruxelles
35 rue
Van Elewijck 1050 Bruxelles
tél. :
(0032) 2 / 644.17.11
collectifsansticket@altern.org
4ÈME
ACTION DU CST MARSEILLE
Le Collectif Sans
Tickets Marseille a mené le 14/11 sa 4eme action. Nous avons fait passer plusieurs
centaines de personnes gratuitement tout en tractant notre tract habituel.
Aucun problème avec le vigile, ni avec les agents RTM.
Pour le CST Marseille
«Stefan