Ma part au quotidien :
‘’dis papa, c’est quoi noël ? ‘’
‘’la nuit de noël, c’est la nuit durant laquelle le père noël encule saint-nicolas !
mais, ne m’appelle plus papa, ma bouille, appelle-moi, plutôt," Aux chiottes", avec les majuscules, stp ! ‘’
noël à la cours du pendu…
Virr ‘mi c’te masure ! quelle galère, ça tient plus d’bout, y’a tout qu’y dégringole, à part lucien acoudé à la rampe, qui s’marre com’ un gosse ; il loge au 7è, dans la mansarde, là où tout est ouvert, on y respire bien, tellement, qu’on n’sait même plus où on est ! c’est l’extase ! y’a qu’à voir, y’a des murs, une lucarne, pas un meuble, et en s’penchant, un peu, tu peux même passé à travers les murs moisis…
Et lucien, r’met m’en s’en un coup d’courant d’air !
Chez mi, dans m’partement-bicoque, le plafond est tombé, et y’a d’la grenadine qui dégouline des murs, ça n’a pas l’goût d’la grenadine, ni des mûres, d’ailleurs, ça a l’goût d’la rouille de la voiture qui a la bedaine qui tombe sur les pare-chocs, d’la rouille-carosse, si tu préfères !
Quand tu marches dans la pièce, tu rayes le parquet avec tes moufles, alors qu’t’aim’rais tant les raser, ces murs, une fois pour toute !
Quand tu manges, c’est toujours froid, bon c’est vrai, qu’il y a des fois où t’as pas l’pognon, ou l’cœur, pour t’câler, dans l’estomac, la semelle recuite qu’on t’vend en vitrine…
Quand la voisine chauffe les joues des marmots, t’as l’impression qu’on t’plante des clous, qu’ça va traverser, qu’ça va te faire dans la parois des trous, gros, com’ l’anus à saint-valentin, c’est pour te dire !..
Quand est entre quatre chaises à barreaux, t’as pas toujours le moral, ça t’gonfle de t’mettre des échasses pour aller bouchonner l’bourgeois, ou plus, aller au coin d’la rue pour faire tourner la wasserette et blanchir le câle-barre ! Y’a tout qui s’amoncelle, y’a la vaisselle qui trempe depuis des leurres et ça prend d’la place dans ton 3 m sur 2 !
Mais n’soyons pas trop bain-bêche, au milieu d’la boue, on a quand même, la double vitre ; on aurait même la troisième, qui va avec, pour remplir le gouffre qui nous sépare du périphe, pas loin, ça nous permettrait, à tout prendre, d’admirer les flocons de neige, l’hiver, sans devoir, à chaque fois, s’les ramasser dans la gueule !!! ha ! ha !
Aaah… les waters sont sur le palier, ils font douche aussi, t’as déjà vu ça, toi ! La chasse, on l’appelle, la chasse d’escalier, car la plomberie a explosé, et la merde va directement dans les caves, j’te raconte pas com’ ça pue !…
Y pue c’monde qui donne dans la cours du pendu (la cours du pendu, j’y reviens …). Au sol, le long des murs, par tous les temps, surtout au soleil…; au sol, au soleil, t’as les cafards qui s’noient dans la pisse des chats …
‘’Mémé, r’met-nous un courant d’air ! Quoi ?.. Tu veux que j’te r’fasse ma p’tite déclaration, encore une fois ! D’accord !
‘’Mémé, c’est quand tu pètes que t’es belle, t’as les yeux qui roulent, les paupières qui se lèvent, parfois, j’ai même l’impression, qu’les ailes te poussent, que tu vas t’envoler, t’as tout qui s’exprime, ça donne du bonus au cœur !’’… j’t’m Mémé !!! ’’
Pardon les z’oeils !? La cours du pendu ? mmm… Regarde, z’œil qui lit, on la voit d’ici, à travers la fenêtre toute pourrie, on l’a appelée com’ ça, parce que le locataire, qui vivait dans c’te piaule, avant, n’a pas supporter les cris des bambins d’à côté, et y s’est pendu avec son cordon ombilical, qu’il gardait, toujours, sur lui… depuis son suicide, on le surnhomme, la loque en terre !!!
Pour une fois, à cette occasion, tout l’monde s’est cotisé dans l’immeuble … on l’a enterré avec toutes les vidanges qu’on avait … du bon ! Des bouteilles de vins du monde entier de la méditerranée, originaires d’Italie, de France, d’Espagne, de Grèce, ou encore, du Maroc, etc … On s’est dit, qu’avec toutes ces vidanges, il aura de quoi s’payer son entrée au paradis, des fois qu’ça s’rait pas gratuit !… à voir le monde, com’ on l’a fait, y’d’vait pas avoir beaucoup d’ronds misés là dessus ! Si ça s’trouve, on y vit à crédit, et on s’en souvient même pas…, elle va être belle la note …, c’est moi qui te l’dit !
C’est pas tout ça, le compteur tourne, il est tant pour moi d’te laisser !.. Allez, bye !...
Ah oui, une dernière chose, à voir l’accent d’ma bicoque, on pourrait croire que j’vis à ‘’Où t’sais pioù ‘’ ! faux, je vis à Bruxelles !
Bruxelles, c’est :
- 1500 sans-abris !
- 35000 minimexéEs !
- 20 % de la population, active, au chômage !
Et les loyers ne font qu’augmenter (environ 400€ min/mois (soit 16000 fb) + les charges ! Pour ce qui est des logements sociaux, qui ne sont pas forcément en meilleur état, y’en a pas beaucoup de vides ! Alors qu’énormément de gens peuvent y prétendre !
Ici, com’ailleurs, des gens crèvent dans l’ombre des grands bâtiments, des holdings, des entrepôts et des institutions, le long des berges du canal (à bruxelles, c’est le canal albert) ! C’est ‘y quand on s’ra à la rue qu’on s’révoltera !?
‘’Allez Mémé-lucien, remet nous co’ s’en un ; pis, aussi, un père no’, que j’t’arrose ta fleur, ton beau poitraille en simili-cause !
Ecrit com’ dit, la nuit du 24 décembre, pendant les chauds marrons, quand le père noël encule saint-nicolas, quand l’capitalism’ encule le vatican, mmm !… quel pied, à dos d’âne ! Ma zezette !
Moi, y m’auront pas, santa-clauSS et Ssaint-nicolas, c’est kiff-kiff et bourre y co’, tout ça, ça bouffe au même râtelier ! Non !? Tout ça, c’est bonnet rouge et serpentins, le jour, pis, caisse enregistreuse et bas nylons, la nuit, dans l’privé ! Hein, ouaiis…
Pour terminer, j’ajouterais, et c’est un scoop, que loin des p’tits fourres et des sunlights, le père noël et l’saint-nicolas, c’est l’même ! Tu m’crois pas !
Œil d’histoire :
Nicolas était un évêque du 6è siècle, mort un 6 décembre, on le reconnaissait aux 6 poils qu’il avait au menton (666, il était prédestiné !) ; dans la région, on le connaissait bien, car il offrait des cadeaux aux gens qui, en échange, acceptaient de se convertir à sa religion de reliquaires ! La base même de l’entubage aux étales, y’a pas qu’les dindons qui s’font mettre ! Ce croisé des premiers siècles, appelaient tou(te)s celles et ceux qui se convertissaient, mes enfants, com’ les papôtres pierre et jean l’avaient fait avant lui, d’où la légende ! Plus tard, au 19è siècle, quelqu’un venu des amériques, nouveau converti, ramena avec lui cette légende, cousue de poils blancs, et en fit un roman ! Des années plus tard, au 20è siècle, dans les années 30, entre le crack de 29 et l’assaut des milices des patrons ; entre la rikiki moustache d’hitler et celle de charlot ; ou encore, entre la paille, l’oreiller et les bulles, les américainEs découvrirent, sur les verres de coca cola (la boisson" gaz on line"), le cul bouffi d’un bonhomme en épluchures de laine rouge (bordée de blanc) qu’il/elles appelèrent ‘’santa clauSS’’ (clauSS = klauSS (en version germanique) = nico la mélaSSe, en français !). Le produit était lancé !!!
Nous voilà renduEs moins bêtes qu’on a essayé de nous l’faire croire !
Avant 1930, pas d’père noël, pas d’traîneau, pas de rennes, et pas d’adresse au pôle nord ! Aujourd’hui, le père noël à 72 ans, et plein d’bulles de $ dans l’plafond ! On est un paquet à zoner dans ces eaux-là (en âge), alors, qu’on n’vienne pas nous en chier une barre pour nous ramener au quai, humm !… Y’a longtemps qu’on s’défonce plus à la trottinette … Qu’il s’la ramène pas avec sa doudoune, ou j’sors ma fourche, pour l’y mett’e dans l’cul !
* daniel
Notes
1. mon patois, c’est pas du wallon, mais la langue qu’on chat’ dans l’fond du trou du cul d’mon kot !
2. Le"père no’" est une boisson avec laquelle on peut s’torcher, on pète dedans pour y faire les bulles …
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Conte de Noël
Préambule : Toute ressemblance avec des personnages ayant posé les pieds sur notre planète au cours des siècles passés est fortement recommandée. Tout rapprochement avec des faits historiques est absolument nécessaire pour apprécier le conte à son juste prix.
Il y avait une fois, au pied d'une falaise abrupte, un joli petit village du profond Angola près de la frontière de la République Démocratique du Congo. Ce petit village s'appelait Nazaréthungo. Une rivière aux eaux bondissantes longeait la falaise et enclavait le village. Ce dernier était composé d'une vingtaine de cases en pisé, recouvertes de longues feuilles de roseaux, sèches et craquantes. L'intérieur des cases était simplement décoré de quelques calebasses, de tapis de paille et de quelques nonosses ayant appartenu à un grand-père ou un arrière grand-père. Seule la case du Roi kingkongo, Fernando Ponço Pilato, recelait quelques peaux de lions et deux défenses d'ivoire polies par le temps et les attouchements.
Au milieu du village, ne se pressaient pas quelques femmes noires, seins ballotant au rythme du battement des lourds pilons de bois de fer au fond des mortiers à mil. Une volée de petits frisés, tout nus, jouaient à la guerre le long des palissades de joncs tressés et une armée de mouches se disputaient un reste de poulet suspendu à un manguier.
Sur la rive du Jourdainungu, sous un frangipanier ou arbre à palabres quelques ancêtres, à la barbe blanche, ceints d'un simple pagne et balafrés comme des miches, débattaient. Fallait-il rallier la cause soviéto-marxiste du MPLA (Mouvement Populaire de Libération de l'Angola) ou la cause maoïste de l'UNITA (Union Nationale pour l'Indépendance Totale de l'Angola) ?
Les débats étaient houleux mais tous s'accordaient sur la nécessité d'abolir le travail. Oui, il fallait abolir le travail et laisser la culture des ignames ou du mil aux femmes. Par ailleurs, ces vénérables crépus entourant leur roi se rappelaient les légendes de leurs ancêtres amenés de force par quelques hidalgos portugais au soleil couchant pour cultiver la canne à sucre.
Dans sa case, à l'écart, au lieu-dit Bethléemongundu, Maria, la jolie "indigéna" qu'un "assimilados", ivre d'alcool de palme et de chanvre, avait violée la nuit de l'"Indépendencia", commençait à ressentir les douleurs de l'enfantement. Elle se rappelait l'horreur de cette nuit et la brûlure et la peur et la honte et l'exclusion.
Soudain, un vrombissement de moteurs retentit au fond de la clairière sur la piste de latérite plus rouge que le sang d'un phacochère égorgé et trois quatre-quatre, flambant neufs, aux couleurs de la "De Beers &Cie" apparurent tels les âmes de la forêt venant impressionner les vivants. Avec un accent fortement teinté d'afrikaaner, les arrivants exigèrent à coup de menaces kalachnikoviennes, une concession le long de la falaise, afin d'y installer un camps de recherche de filons diamantifères. La concession fut rapidement accordée par les empagnés atterrés; elle fut inscrite sur l'écorce d'un fromager et les blancs mages disparurent dans les frondaisons tropicales, en direction de Bethléemongundu.
Dans sa case, à l'écart, Maria était seule et des larmes de souffrance et de solitude perlèrent à ses paupières. Elle devait accoucher, sans les professionnelles, de son "bastardos".
Des balles sifflèrent, des grenades éclatèrent, un lance-flammes cracha. Ce fut l'enfer. Les toits secs disparurent en un instant. Sous l'arbre à palabres, le roi Fernando Ponço Pilato mourut dans les premiers. Ses yeux se fermèrent tandis que sa bouche édentée prononçait le nom de Trotski. Tous furent tués, toutes furent tuées, et les enfants moururent en rêvant à un grand jeu.
Les mercenaires de l'UNITA, costumés en léopards, avaient uni dans la mort tous les habitants de Nazarethungo qui disparut dans une gerbe d'étincelles.
Seule dans sa case, pleurant d'angoisse et de douleur, Maria, la jolie "indigéna", accoucha d'un garçon, tout noir, aux longs cheveux noirs, aux yeux noirs. Il poussa son premier cri qu'elle essaya de réprimer en plaquant sa main sur le minois.
"Jésus" (prononcez Rrésouss), murmura-t-elle; "mon petit Rrésouss".
Près de l'ouverture de la case, un drôle de zèbre et une gazelle soufflaient et tentaient de rafraîchir l'air torride parfumé de vapeurs de poudre et d'essence.
Pendant très longtemps, on n'entendit plus parler ni de Maria ni de Jésus. Les Trolls de la forêt prétendirent qu'ils s'en étaient allés de l'autre côté de la rivière, de l'autre côté de la falaise, de l'autre côté de la frontière dans la République Démocratique du Congo, dans une ville immense appelée Kinshasa. On dit que Maria se maria. Avec un charpentier appelé familièrement "Jojo". Jésus eut 9 petits frères et sœurs. Jésus apprit le métier de charpentier industriel. Ils habitaient dans un bidonville et l'on raconte que les murs de la baraque étaient des tôles de marque "Coca-Cola", "Pepsi-Cola" et "y'en a bon Banania".
Un jour, Jésus en eut marre des syndicats, de la construction et des bas salaires. Ses gènes lui rappelaient sans cesse son coin natal, Bethléemongundu. Il partit à l'âge de trente ans et sur les routes il palabrait. Avec tous et toutes: les exclus, mendiants, mendiantes, putes, roms et gipsies et clochards à chiens.
Au hasard des routes, des pistes et des chemins, il arriva à Nazarethungo où voletaient les mânes de ses ancêtres. Il se dirigea vers l'endroit dégagé où devait s'ériger l'arbre à palabres, près de quelques murs ravinés. Une formidable explosion retentit. Jésus avait sauté sur une mine antipersonnelle.
Jésus était mort. Mort.
* Maï
Questions de solidarité
Ce samedi, la Banque alimentaire du coin organisait une collecte de denrées alimentaires non périssables à la sortie des caisses de la grande surface où je fais habituellement mes courses. Comme d'habitude, en pareilles circonstances, j'ai fait mes courses avec deux caddies remplis à l'identique, un pour moi, un pour la banque. Un peu plus de 3% de mon revenu va à des cotisations et dons en faveur d'O.N.G. notamment à but humanitaire. J'effectue par ailleurs de nombreux achats militants en faveur de telles structures. Il y a peu, pour pouvoir répondre à des appels lancés à propos de situations, individuelles ou collectives, d'urgence, je me suis rajouté une nouvel couche d'endettement personnel. Je boycotte les produits et services des entreprises qui bafouent les "droits fondamentaux", sociaux, syndicaux, économiques, politiques… des gens, travailleurs-euses comme consom-mateurs-trices ou simples "citoyen-ne-s, qui polluent, qui soutiennent des régimes dictatoriaux, qui font dans le sexisme…
Qu'est-ce donc que cette société qui invite, voire "incite" par des pressions médiatiques savamment orchestrées, celles-ceux qui ont peu à donner à celles-ceux qui n'ont rien quand celles-ceux qui ont beaucoup n'en font pas de même ou, du moins, ne donnent que pour bénéficier d'avantages fiscaux, commodité d'achat peu onéreuse d'une bonne conscience ? qui fait de la solidarité une "affaire privée" en la reléguant, qu'on le veuille ou non, pour celles-ceux qui la pratique d'une sorte de charité bien ordonnée ? qui considère qu'une baisse des cours boursiers est grave quand l'augmentation de la pauvreté n'est qu'un… "détail" ? qui dépenses sans compter dans l'armée, la police, la prison…, autrement dit la répression quand l'exclusion frappe un nombre croissant de personnes, individus et familles ? qui considèrent qu'il faut aller explorer l'espace quand, dans la proximité du quotidien, les "poches de misère" deviennent des camps de concentration, des zones de relégation de démuni-e-s ? qui multiplie les recherches scientifiques et les expérimentations médicales pour allonger l'espérance de vie des nanti-e-s et améliorer le confort physique de la vieillesse quand, par millions, des gens meurent de malnutrition, de famines, du sida, de maladies pourtant guérissables pour les premier-e-s, de froid…, autrement dit de… misère et que celle-ci contribue à ramener l'espérance de vie d'une majorité croissante de la population mondiale à ce qu'elle était, au mieux, au Moyen Age ?…
Dans une telle société, c'est quoi la traduction concrète des discours à l'emporte pièces sur les "Droits de l'Homme" ou "de l'Enfant", la démocratie, la liberté, l'égalité, la fraternité, la solidarité (nationale ou internationale), le progrès social, l'intérêt général, le bien public… ?Et pour moi qui pratique sans distinction, mais aussi "sans mesure" cette solidarité par fraternité, par humanisme n'est-elle pas, en définitive, à l'image de la médecine du en matière de maintenance-réparation de la main d'œuvre, une forme de complicité, sinon active, du moins passive du système qui fonde une telle société, c'est-à-dire de l'ordre en place ? N'est-elle pas même trahison de mes valeurs humanistes, de mon engagement anarchiste puisque, d'une certaine manière, je me fais collaborateur de l'ordre en maintenant-réparant, à la mesure de mes moyens, les "dégâts collatéraux", tant "ordinaires" (le courant du quotidien) qu'exceptionnels (celui des "croisades" militaires par exemple) de cet ordre ?
Mais puis-je pour autant laisser mourir de faim, de froid, de maladie…, de pauvreté quelque individu que ce soit, victime de l'ordre en place alors même que, "théoriquement", il appartient à la société humaine dans son ensemble – et donc aussi, dans ses formes institutionnelles – de préserver sa cohésion, sa cohérence, son équilibre… et, pour ce faire, de "s'occuper" des individus qui la composent et, en particulier, des "plus faibles", des "plus fragiles", des "moins nantis"… ? Puis-je, par mon boycott consumériste, priver d'emploi même un enfant dont le revenu contribue, non sans mal, à la survie de tout un groupe d'individus ? Pour reprendre un vieil adage chinois, à celui-celle qui a faim ne vaut-il pas mieux apprendre à pêcher, donner les moyens de pêcher plutôt que de lui donner un poisson chaque jour ? Mais comment l'individu isolé que je suis peut-il apprendre à pêcher à tant de gens quand ce n'est pas seulement de l'art de pêcher dont ils sont privés mais, tout simplement, du… droit de pêcher ?
Pourquoi en arriver à avoir non "mauvaise conscience" puisque je me sais non responsable de cette société dans laquelle je ne me reconnais pas, mais mal à mon humanisme ? à en souffrir de cœur comme de raison ?Quel "impact" peut avoir ma révolte individuelle contre l'ordre en place et mon appel (utopique ?) à une société enfin véritablement humaine ? Sans doute absolument aucun. Mais, au regard de l'absolu zéro de l'efficacité de ma révolte puis-je pour autant renoncer à me révolter quand ma révolte, en somme, n'est jamais que le "visage contrarié" de mon humanisme parce qu'il est une atteinte insupportable, inadmissible à ma liberté, laquelle ne peut être sans la liberté des autres, de TOU(TE)S les autres ?
En cette période où certain-e-s nanti(e)s font bombance en oubliant encore plus les démuni-e-s, plongé(e)s dans une obscurité inversement proportionnelle à l'éclat des lumières de la fête des premier-e-s , je me demande s'il ne serait pas d'une actualité criante que tou-te-s les révolté-e-s individuel-le-s de la terre mette à l'ordre du jour une autre question, celle d'une société enfin humaine, une société de liberté, d'égalité et de fraternité pour tou-te-s les humains. Une société qui serait… l'anarchie !
* JC