DES BAS ? DAIS BAS ?

DES BÂTS ?

VOUS AVEZ DIT DÉBAT ?

 

Le 8 décembre dernier, le collectif qui anime la salle Lezartneuf organisait un débat sur le thème : Ecriture Théâtrale et Théâtre Engagé à l’occasion de la deuxième représentation publique de la dernière création de notre compagnon Laurent Bouchain. N’ayant pas pu être présent à ce débat, je lui ai fait parvenir ce texte qui reprend quelques réflexions sur ce sujet. J’en profite pour vous les présenter ici. N’hésitez pas à y réagir…

 


 

En guise de préambule.

 

Dans ce qui suit, mon souci de concision pourrait laisser croire que je pose des barrières strictes entre les différents groupes catégories, genres, … décrits.

Il n’en est rien.

Pour moi, les frontières n’existent pas en tant que telles et celles qui voudraient soit subsister, soit se créer, soit se prétendre utiles doivent être détruites.

De même, il me semble clair que vouloir définir c’est d’office caricaturer.

C’est pourquoi, pour moi, tenter de s’approcher du réel ne peut se concevoir sans un travail de longue haleine qui consiste à tordre et retordre sans cesse ce qui se veut vérité.

 

Vouloir distinguer théâtre engagé et théâtre non engagé c’est se gourer de piste d’analyse.

 

En effet, tout théâtre (ainsi que tout art quel qu’il soit de la littérature au cinéma en passant par les arts plastiques, la poésie ou que sais-je encore) est engagé !

La question à mettre en avant est celle du théâtre engagé par qui.

Ce phénomène a existé de tous temps quel que soit les thèmes abordés. Il y a toujours eu un théâtre de cour, un théâtre des cours, un théâtre des places publiques, un théâtre des arrières salles de tavernes voire de culs de basses fosses.

 

Théâtre engagé par qui.

 

Je crois que le théâtre a toujours été engagé soit par les partisans de l’intégration et de la stagnation soit par ceux de l’affirmation et du changement.

Les uns pouvant prendre la place des autres selon la direction vers laquelle souffle le vent de l’histoire.

Intégration, stagnation.

 

Les artisans de ces formes théâtrales ont le plus souvent les yeux tournés vers

 

l’être suprême du moment : un dieu ad hoc, son/ses prince(s) délégué(s) et/ou ses prêtres.

Ce sera en général un théâtre de flatterie à la gloire du pouvoir en place (ce qui n’empêche nullement ni l’humour ni l’impertinence, l’essentiel étant de ne pas remettre le pouvoir en cause).

Les flatulences de ce genre d’exercices ne doivent pas toujours être passionnantes mais bon, mordriez-vous la main qui vous nourrit ?

Il arrive aussi à ces séides du pouvoir de quitter l’ambiance ouatée et les ors des palais pour fréquenter les cours, les basses cours, les places publiques, les tavernes et même les culs de basses fosses (n’est-ce point là que l’on trouve les meilleurs indics ?).

Ici, nous naviguons en pleine manipulation des masses. Il s’agira donc en flattant si possible les plus bas instincts du peuple de le faire adhérer aux idées les plus folles du prince.

Dès lors, tout est permis. A coup de mensonges, de sexisme, d’homo phobie, de xénophobie, de racisme, de patriotisme, de nationalisme,... on préparera la valetaille à prendre les armes pour l’une ou l’autre cause infâme qui, soudain, lui apparaîtra juste entre les justes.

Et on trouvera toujours un abbé Pierre, Jean, Jacques ou Paul pour bénir les canons.

 

L’affirmation et le changement.

 

Il s’agit ici généralement d’un théâtre de gens qui étouffent, n’en peuvent plus, ont la rage.

Il s’agira donc d’un théâtre qui vise avant tout à dire cette rage à la partager avec d’autres, à mettre en place des stratégies et des structures nouvelles visant à changer radicalement ce qui peut l’être encore et à inventer ce qui ne l’était pas encore ou ne pouvait pas l’être eu égard des limites du régime précédent.

 

C’est ici que se sépareront les tenants de l’affirmation et du changement.

 

Rien n’est changé depuis le congrès de Saint Imier !

Les uns  limiteront ce changement, cette affirmation  à un changement de prince(s) en reportant à plus tard les décisions fondamentales (n’oublions pas que l’Agit Prop est morte dans les goulags qu’elle a participé à mettre en place  par sa soumission inconditionnelle à la genèse du pouvoir soviétique).

D’autres, je sais, il n’y en a pas un sur cent, refuseront de limiter le changement à un retapissage et à un ravalement de façade.

Plus de prince ! Plus de dieux ! Avènement des égaux ! Liberté ! Egalité politique, économique et sociale ! Fraternité ! Autogestion ! Fédéralisme libertaire !

La tâche est immense !

On n'y arrivera pas.  Peut-être.

Tant pis, on y va !

C’est la révolution ? Ben oui, et alors

C’est l’anarchie ?

Bien vu compagnon !

éRoger