Maï says : "Sam is crazy, so we're"
Ce midi, après le
petit jaune, pendant que j'avalais ma pitance digne d'un funèbre 2 novembre,
je me suis régalé à la vue et l'ouïe de "Reportages" sur la TV1.
Quel reportage ! Une représentation pour tous de la vie quotidienne dans les Etats du Sud des USA. Je tente de mieux vous décrire le lieu et ses acteurs. Je peux, car j'y ai vécu un temps certain. Le comté de Davidson, en Caroline du Nord. Un comté, disons un canton. Chaud, propret et calme. De jolis cottages de 20m de long sur 15m de large parsèment des gazons grands comme des terrains de golf. Pas un homme de couleur, un Black, ni sur les routes, ni dans les champs. Mais un shérif, un ancien du Vietnam, un vétéran des rizières et de la jungle qui pour se rappeler le bon vieux temps des B52, du napalm, du M16 et des filles de Saïgon a décoré son bunker-office avec des sacs anti-éclats, des filets de camouflage, des lance-roquettes, des médailles. Ses médailles. Ce brave héros du passé joue au héros du présent. Entouré d'une dream-team de flics, tous aussi hagards et abrutis les uns que les autres, notre shérif Hege Gérald, joue au redresseur de torts. Il joue mais d'une manière musclée et inhumaine, indigne et imbécile. Cet homme est un salaud. Et ce salaud utilise certains et certaines parmi ses concitoyens et conci-toyennes comme des aides bénévoles pour faire régner la discipline, la paix et le droit.
Tolérance zéro. Voilà le hurlement de ralliement, in engliche : le watchword ou
le cri de surveillance. Il roule les mécaniques dans une super chevrolet
remplies de 280 chevaux fougueux. Mais pour les quidams, excès de vitesse égale
menottes, prison préventive en attente de jugement. Pas question de cultiver un
bout de cannabis comme le souhaitait Voltaire. Mister Far-West te casse la
baraque avec une jubilation exaltée et communicative.
Draguer une fille sur la voie publique t'amène directos à la taule du comté. Et
pour mieux préparer les éventuels queutards à réfléchir avant de monnayer leurs
envies, il envoie, devant l'église, une madame-police bien roulée, en short,
décontract, qui drague le futur contrevenant.
Ça, c'est de l'éducation. Beaucoup de parents devraient s'en inspirer. Sarkozy s'en inspire. Tu fous une sucette à la menthe devant les trous de nez de ton chiare et s'il approche ses lippes, du fruit défendu, tu lui carres une baffe entre les gencives pour lui faire abandonner ce goût immodéré pour le sucre en bâton. Avec ces méthodes, le salaud en question a provoqué la diminution de la criminalité de 62% chez les cosaques de Davidson.Et, en plus, les taulards de courte durée, ceusses qui z'ont une tenue de zèbre à grosses rayures noires, z'y travaillent dans le comté. Ils passent la tondeuse, la débroussailleuse. Ils vident les poubelles remplies de résidus de pop-corn, d'ice-creams et de french condoms. A l'oeil, pour respirer le bon air dans des paysages idylliques et bucoliques.
Le soir, après les barbecues en campagne, ils réintègrent la prison. Rose, qu'elle est, la taule. Partout repeinte en rose. D'un rose criard qui calmes les taulards. C'est joli de les voir défiler dans les couloirs roses, certains sont rayés de jaune, les autres de bleu. C'est selon la peine. Avant de rejoindre leur chambrette, ils admirent des nounours peints sur le fond rose. Pink bears and pink panther… Des casemates aussi nues que celles du mur de l'Atlantique. Pas de télé, pas de journaux. Seule la lecture et la méditation bibliques sont autorisées, approuvées, recom-mandées. Il y a même des conversions chez les pôvres entaulés. Vrai de vrai. Le shérif ira au paradis pour avoir récupéré quelques brebis égarées. Un bon pasteur. Un demi-dieu qui arrivera, lors de son 3ème mandat à remplacer le vieillard du Vatican et à se métamorphoser en dieu la quatrième personne.
C'est ridicule, grotesque, indigne. La pièce de théâtre est ignoble. Mais, là où je voulais en venir avec ma conscience de vieux con d'Européen mal lavé, c'est que les gens du comté sont contents. Absolument ravis. Le comté est déjà le paradis occupé par le demi-dieu. Le peuple américain de ce comté à la con applaudit. Sans s'apercevoir que leur attitude tient du nazisme. Sans s'apercevoir que l'on finit par les détester avec leur pop-corn, leurs ice-creams et leur suffisance.
Et ce qui est pire, c'est qu'en France, en Europe, nous copions de plus en plus
souvent ces méthodes qu'on croyait d'un autre âge, de l'Inquisition, des guerres
de religion, des luttes fratricides des révolutions. Et ce qui est pire, c'est
que de nombreux citoyens et citoyennes applaudissent à ces atteintes
libertaires. Et ce qui est pire, c'est que notre Sarkozy joue au super-shérif,
super-phénix de ces lois scélérates. Et ce qui est pire, c'est qu'une chaîne de
TV, envoie aux US des journaleux et des caméramans pour nous ramener ces
reportages absurdes, nauséabonds.
J'en pleure.
Que vivent les shérifs.
éMaï