TROTSKI : UN PARCOURS TORTUEUX
Avant la révolution, il court de l'un à l'autre, tantôt menchevik et bientôt bolchevik ou l'inverse et ainsi toujours flottant, toujours oscillant comme un pendule, se hissant au deuxième ou au troisième rang du pouvoir avant de retomber, de rebondir mais sans jamais atteindre au premier rôle. Eternel importun, toujours frustré, perpétuel gêneur, il restera mezzo alors qu'il veut être ténor. Mais le devant de la scène sera toujours occupé par une autre grande voix, Lénine d'abord, Staline ensuite.
Présumés avoir développé des convictions collectivistes et acquis une maturité politique solide par l'expérience de la solidarité, la division des tâches et la spécialisation, les ouvriers de l'industrie sont les porte-étendards du socialisme.
Ils incarnent les valeurs de la révolution. Ils s'empareront du pouvoir et imposeront la société sans classe : la "dictature du prolétariat".
Le marxisme oppose les prolétaires aux paysans dont l'égoïsme est atavique et l'ambition limitée à la possession et à l'exploitation de la terre. Même si le sort des paysans pauvres est encore plus misérable que celui des prolétaires, leur mentalité les écarte décidément de l'idéal socialiste. La révolution éclatera donc nécessairement dans des pays dont l'industrie est puissante et les prolétaires nombreux, comme l'Allemagne par exemple. En ce début du XXe siècle, la population de la Russie se compose de moins de dix pour cent de prolétaires, d'une frange d'aristocrates et de bourgeois dominants, et de près de quatre-vingt-dix pour cent de paysans. Selon les critères marxistes, aucun Etat n'était moins préparé à passer au socialisme.
En 1904, au cours de son IIe Congrès, le POSDR (Parti ouvrier social-démocrate de Russie) se divise en bolcheviks et mencheviks. Trotski rallie les mencheviks. Déjà la question de la dictature du prolétariat est posée. Trotski parle de la "domination politique de la classe ouvrière". Lénine compte davantage sur les capacités de la direction politique du parti que Trotski reconnaîtra seulement après la révolution de 1917.
En 1905 encore, Trotski toujours menchevik imagine une révolution bourgeoise qui renverserait l'autocratie et contre laquelle le prolétariat mènerait une lutte anticapitaliste. Ce combat aboutirait au collectivisme, à la dictature du prolétariat. Trotski décrit la paysannerie comme un secteur arriéré face au dynamisme et à la modernité des entreprises industrielles. Dans son analyse de la société russe, il écrit avec étonnement : "Le capitalisme apparaît comme engendré par l'Etat". Mais il considère la masse de la paysannerie avec mépris. Il la juge incapable de jouer un rôle révolutionnaire et progressiste en raison de son "crétinisme et de sa barbarie sociale". Seul le prolétariat, quoique faible en nombre, peut émanciper la paysannerie et affronter l'absolutisme dans le combat révolutionnaire. Sa théorie de la révolution permanente consiste à reconnaître à la classe ouvrière la capacité de mener la lutte contre toutes les autres forces sociales, qu'elles soient des alliées d'un moment ou des adversaires déclarés, qu'elles soient bourgeoises ou paysannes, et à les vaincre pour aboutir à la dictature du prolétariat.
En 1908, Trotski critique le légalisme des mencheviks et se rapproche des bolcheviks plus révolutionnaires. C'est l'époque de la reconstruction interne et de l'élimination de l'aile droite des mencheviks, les liquidateurs, et de l'aile gauche des bolcheviks, les anarchistes. Ainsi épuré, le mouvement va pouvoir retrouver un nouvel élan. Mais peu après, Trotski se rapproche à nouveau des mencheviks où la première place est vacante même si elle fait l'objet de nombreuses convoitises. Cette nouvelle volte-face lui vaudra la réplique célèbre de Lénine : "Petit Judas Trotski !". Piqué au vif, Trotski répondra que le "réarmement idéologique" de Lénine qu'il avait tenté l'avait déçu. On voit qu'à cette époque, les intellectuels marxistes cultivaient la formule.
Mais Lénine n'avait pas attendu Trotski pour désigner le but à atteindre et le chemin à emprunter.
Conformément à la doctrine, l'avenir appartient au prolétariat mais, avant la dictature de celui-ci, la révolution doit aussi être réaliste et elle ne pourra s'accomplir sans la paysannerie même si l'idéologie des serfs reste la possession de la terre. Il faudra donc entraîner cette masse de quatre-vingt-dix pour cent de la population à rejoindre le prolétariat pour abattre l'autocratie tsariste. La première phase de la révolution consistera à unir l'ensemble des mécontents : petite bourgeoisie, paysannerie et prolétariat sous le drapeau d'une "dictature démocratique révolutionnaire du prolétariat et de la paysannerie" avec la petite bourgeoisie, -que Trotski repoussera en la qualifiant de "dictature démocratique bourgeoise"- puis, après cette première phase indispensable aux yeux de Lénine, le gouvernement entreprendra la prolétarisation de la paysannerie avec élimination des paysans petits-bourgeois et de tous ceux qui n'ont pas l'esprit prolétarien, processus qui débouchera enfin sur la vraie révolution socialiste et la dictature du prolétariat, point d'orgue de la partition léniniste.
Par rapport à l'ampleur des conceptions de Lénine, de son contrôle constant sur une large majorité du POSDR, de sa maîtrise dans l'action et la sûreté de ses jugements politiques, Trotski apparaît comme un fractionniste très minoritaire dont le rôle a été grossi.
Pendant la Grande Guerre, les mencheviks et les partis socialistes européens se sont tous ralliés à la "défense de la patrie" et se sont ainsi déconsidérés comme force révolutionnaire. Trotski voit dans la guerre une crise du capitalisme qui permettra en réaction une formidable vague révolutionnaire qui aboutira à la création des Etats-Unis d'Europe et même du Monde sous la bannière socialiste. La victoire de la révolution russe dépendra du triomphe du prolétariat européen. Trotski se place ainsi dans la ligne tracée par Engels et la IIe Internationale qui ne comprenaient la révolution prolétarienne que dans un cadre international.
Mais le concept de l'inégal développement pousse Lénine à proposer une autre piste. Si le socialisme est l'avenir de l'humanité, la sensibilité propre à chaque peuple lui fera emprunter sa propre voie pour y parvenir. La priorité est la révolution en Russie puisque le fruit est mûr. Pour Lénine, la victoire de la révolution dans un seul pays doit être envisagée comme une possibilité et même une éventualité souhaitable parce que réaliste. Dès le début de la révolution, Trotski est contraint de se rallier aussi bien au bolchevisme qu'à Lénine s'il veut survivre politiquement. Cependant, les vieux démons reprendront vite le dessus lorsque, après beaucoup d'hésitation, le pouvoir tout entier sera tombé entre les mains des bolcheviks.
Comme des velléités révolutionnaires semblaient apparaître en Allemagne au moment des pourparlers de paix de Brest-Litovsk qui devaient mettre fin à la guerre, Lénine était partisan d'essayer l'expectative en faisant traîner les choses, mais de signer la paix à tout prix pour éviter la rupture et la reprise de l'offensive allemande. Les négociations étaient conduites par Trotski qui, devant l'intransigeance allemande, proclama soudain et unilatéralement la fin de la guerre et la démobilisation de l'armée sans signer la paix, offrant ainsi à l'Allemagne une occasion de conquérir par les armes mais sans coup férir tout et bien au delà de ce qu'elle avait espéré des pourparlers. Cette décision tragique, tellement insensée qu'on pourrait douter de l'équilibre mental de Trotski, est cependant typique du comportement de beaucoup d'intellectuels, si absorbés par leur idéologie qu'ils en viennent à confondre la réalité avec les pages de littérature qu'ils accumulent.
Lénine affectionnait aussi le monde de l'écriture et se complaisait dans les abstractions et les chimères. Mais il a toujours su, le moment venu, séparer la réalité pragmatique de la spéculation théorique ce qui lui a donné une clairvoyance très supérieure à la myopie d'un Trotski qui ne peut voir autour de lui que les formes floues de ses fictions intellectuelles.
Après coup, Trotski tentera de justifier sa conduite à Brest-Litovsk. Il soutiendra que son "ni guerre ni paix" aurait dû déclencher la révolution en Allemagne et ailleurs et que, avec les peuples soulevés, le socialisme se serait établi partout. Cette utopie a seulement ouvert la porte à l'offensive allemande et montré toute l'étendue de son erreur : aucun peuple ne s'est jamais révolté contre son armée victorieuse.
Cependant, on ne peut ôter à Trotski le mérite d'avoir forgé avec l'Armée rouge l'instrument de la victoire sur les armées blanches. L'organisation des armées reposait sur des contraintes économiques et humaines extrêmes et on peut dire à ce propos que Trotski inventa le concept de guerre totale. L'autoritarisme absolu et le centralisme dominateur des décisions sont bien dans la nature de Trotski et l'ont admirablement servi dans le contexte difficile de cette guerre. Sa renommée doit beaucoup à son prestige de chef de guerre sans lequel il serait sans doute resté dans l'ombre. Il s'en est servi pour tenter de s'imposer sur le terrain politique où il s'est cependant montré beaucoup moins efficace.
Sans doute un peu grisé par l'importance que lui donnait ses succès guerriers, Trotski abandonna vite sa théorie de l'élan des masses laborieuses pour se faire le champion du parti incarnant la dictature du prolétariat. Mais s'il admet à ce moment la discipline absolue dans l'action, il revendique encore le droit à l'expression d'opinions divergentes. Il veut garder une porte ouverte pour se distinguer et rallier les suffrages autour de ses idées et de sa personne.
Très opposé à la NEP (Nouvelle Politique Economique) qui concrétise la politique de Lénine d'intégration de la paysannerie et de la petite bourgeoisie dans la révolution mais dans laquelle il voit un danger de dégénérescence du socialisme vers un pluralisme petit-bourgeois et paysan, Trotski rassemble les mécontents contre la politique des petits pas, du régime d'appareil et de la bureaucratie accusée de s'ériger en caste. Les opposants trotskistes considèrent que le parti s'éloigne du communisme. Ils veulent une réforme dans le sens de la révolution permanente et de la dictature du prolétariat, objectif que la direction semble oublier ou maintenir dans un lointain incertain. Ils se présentent comme les dépositaires de la vérité et de la révolution ; ils se radicalisent et leurs propositions deviennent des exigences. Les intrigues se changent en complots. L'accusation principale dirigée contre le parti est que sa politique ne peut aboutir qu'à la restauration du capitalisme.
Les temps ne sont pas encore à l'omnipotence. Le socialisme soviétique est dans sa jeunesse. Seule la masse du peuple est contrainte à la servitude ou au bagne. Les bourrasques idéologiques sont encore tolérées mais de moins en moins acceptées même si les sphères dirigeantes ont encore une liberté d'expression dont le peuple est privé. Mais on commence à affûter les poignards dans l'ombre. Les comptes se régleront plus tard. L'addition sera lourde car rien ne sera oublié.
Trotski joue ses dernières cartes. Il veut à tout prix se dissocier des autres dirigeants alignés comme des marionnettes sur les positions du parti. Mais il est vite isolé et devient ainsi vulnérable. Alors que pour beaucoup de militants, l'unité du parti garantit les conquêtes de la révolution, Trotski apparaît désormais comme diviseur par égocentrisme plus encore que par idéologie. Il ne verra pas venir l'orage qui fera de la fraction un crime contre le monolithisme du parti. Il sera accusé de le miner et de l'affaiblir pour assouvir son ambition.
La succession de Lénine va radicaliser les positions. Constatant la stabilisation du capitalisme en Europe et en Amérique, Staline dont la stature s'impose désormais, rejette le projet de révolution mondiale comme condition nécessaire de la poursuite de l'existence du socialisme en Russie pour adopter la thèse léniniste de la construction du socialisme dans un seul pays qui va marquer profondément l'idéologie et la stratégie des communistes de tous les continents mais principalement de l'Europe.
Dès lors, l'industrialisation est accélérée, la collectivisation des terres et la prolétarisation forcée des paysans dans les kolkhozes sont imposées. L'URSS stalinienne est donc bien un Etat de dictature du prolétariat. Inconscient et provocateur, Trotski dénonce encore le culte de l'infaillibilité du chef et il traitera Staline de "chef des chefs bureaucratiques" et son régime de "bonapartisme". Mais l'heure n'est plus à la rhétorique : il faut s'aligner ou disparaître.
Les journaux sonnent bientôt l'hallali : "Le trotskisme est l'avant-garde du fascisme", "l'hitléro-trotskisme ne passera pas". Staline qualifie "la révolution permanente" de "désespérance permanente" et, avec le Comité central, il condamne Trotski et ses thèses.
Exclu, puis exilé puis expulsé, Trotski prêche et prophétise loin du théâtre où il voulait jouer le premier rôle. Inexorablement, l'URSS poursuivra la collectivisation, l'édification du socialisme à travers tout et éliminera toute opposition, toute fraction iconoclaste. Les ci-devant trotskistes, ralliés, repentis ou renégats, tous ces accusés de trahison monteront dans les charrettes de l'expiation. Le monobloc communiste, sans fissure ni faiblesse, devait résister à l'éternité.
La thèse trotskiste est connue sous le vocable de révolution permanente. Pour Trotski, la révolution doit gagner une série de pays d'Europe pour qu'une société socialiste s'édifie en Russie car dans ce pays paysan, dans un entourage capitaliste, l'échec est infiniment plus probable que la réussite. L'effort principal doit donc porter sur l'aide aux mouvements révolutionnaires dans les autres pays plutôt qu'au développement du socialisme en URSS qui, à terme, échouerait sans le secours du prolétariat extérieur. Les forces utilisées pour édifier le socialisme en URSS sont donc gaspillées dans une opération sans avenir. Elles sont détournées de leur but qui doit être de propager la révolution à l'extérieur. D'ailleurs dans son isolement, prédisait Trotski, l'URSS s'épuisera dans des affrontements entre les paysans et les prolétaires. Elle s'acheminera vers un "thermidor", une contre-révolution et la restauration du capitalisme. Si la révolution n'éclate pas partout, ajoutait-il, le marxisme sera réfuté et le socialisme perdra la partie.
La thèse marxiste-léniniste est bien différente. Constatant l'impossibilité suicidaire de tenter de propager la révolution à l'extérieur de l'URSS, Lénine fait le pari du développement du socialisme dans un seul pays. L'URSS sera l'exemple du socialisme pour le monde. Attirés par son rayonnement et sa prospérité, par ses valeurs morales et la force de ses principes, les peuples subjugués par tant d'avantages rejetteront le capitalisme et se rallieront en masse au socialisme. La crise des années trente confirmait bientôt la justesse des vues léninistes. Le capitalisme s'écroulait sous le poids du chômage et s'engloutissait dans les soupes populaires. La guerre victorieuse sur le nazisme dont l'URSS fut l'artisan héroïque accrut encore son prestige et celui du socialisme. La conquête de l'espace montra enfin la suprématie de la science soviétique sur toutes les réalisations de l'occident capitaliste. Dans les années soixante, l'URSS ambitionnait de mettre fin à l'hégémonie économique des USA, prélude au triomphe de la révolution socialiste mondiale.
C'était l'époque où les journalistes du "Monde" et les intellectuels parisiens, la pipe entre les dents et les pieds sur les chenets, expliquaient à l'univers admiratif qu'il fallait sacrifier une ou deux générations à l'édification du socialisme.
Du fond de leurs fauteuils, hochant leur tête instruite, le regard fixé sur l'avenir, ils vaticinaient avec ce léger haussement des épaules et ce frémissement impatient dans les doigts qu'affectionnent certains universitaires lorsqu'ils s'adressent à un auditoire profane. Et ils montraient combien cette immolation de millions d'êtres humains, cette caporalisation des peuples, ces goulags, ces polices politiques étaient nécessaires et utiles, et combien il fallait d'héroïsme pour accomplir sans faiblesse une oeuvre aussi magnifique. Le bonheur a un prix. Mais, annoncée par le phénoménologie de l'esprit et le matérialisme dialectique, l'aube se levait enfin sur l'humanité. En ce temps-là, le monde parfait se construisait aussi dans les salons cossus du XVIe arrondissement du Paris capitaliste.
Aujourd'hui, après la chute du bastion communiste dont l'effondrement soudain et la disparition ont stupéfié le monde, le trotskisme reste paradoxalement la dernière braise d'une idéologie qui souleva tant de passions pendant si longtemps. Verbeux et inefficace, divisé et élitiste, dogmatique et ombrageux, il décline et s'éteint doucement. Mais il bouge encore et se ranime parfois fugitivement, poussière toujours brûlante de l'incendie dont la fumée se dissipe et disparaît.
é Charly
14 octobre 2002
FRANCE
Les nouvelles classes dangereuses
Le projet de loi que s'apprête à adopter le gouvernement français confirme, si
besoin était, que la seule logique de gestion sociale devient une logique
répressive, basée sur la criminalisation tous azimuts, des militants comme des
plus pauvres.
Avec l'incarcération de José Bové, la
question de la criminalisation des mouvements sociaux était récemment à l'ordre
du jour. Cela n'en était que la face émergée, puisque, dans le même temps, cette
logique était à l'oeuvre contre de nombreux autres militants.
Ce projet de loi est une importante étape dans la logique répressive qui prévaut désormais. Il a été conçu sans aucune concertation ni avec les professionnels de la justice ni avec les associations protégeant les libertés publiques. Proposé par le ministère de l'intérieur, il marque clairement la primauté de la police sur la justice. Il souscrit à la vision ultrarépressive développée depuis de nombreuses années par le syndicat des commissaires de police.
En élargissant les possibilités d'intervention de la police dans le domaine privé (domicile, fichiers divers), en remettant en cause le principe de non discrimination sociale (prostituées, mendiants), en criminalisant les occupations (grèves, squatts, nomadisme), il confirme l'évolution autoritaire de notre " démocratie " et bafoue ses principes fondamentaux. L'Etat, se recentre sur sa " main droite", celle qui tient le bâton, pour gérer la misère et l'agitation sociale. Il laisse ainsi le champ libre au pouvoir économique pour mettre en place une " organisation " sociale basée sur le déséquilibre permanent.
Cette politique irresponsable, au service des seuls puissants, ne peut que mener à un régime autoritaire. Que l'extrême-droite arrive au pouvoir ou que les partis traditionnels deviennent eux-mêmes l'extrême-droite (la loi sur la sécurité quotidienne, participant de la même logique, a été votée par la " gauche "), le résultat est le même. La CNT assumera ses responsabilités, en luttant unitairement avec tous ceux qui ne se satisfont pas d'une telle évolution
Chronique gastronomique
Il y a peu Martine Aubry, accompagnée d'un ami, s'est présentée tardivement dans un restaurant du centre ville de Lille. Ne voyant venir personne à sa table alors qu'on servait les autres tables elle s'est impatientée et a manifestée sa mauvaise humeur. Le patron a fini par venir à elle pour lui demander : "c'est pour quoi Messieurs-Dames ?". réponse sidérée d'Aubry : "Pour manger, bien sûr !". Le patron : "Désolé, Madame, ce n'est pas possible". "Comment cela ce n'est pas possible ?". "Non, désolé. ce n'est plus possible". "Vous ne savez pas qui je suis" dit-elle d'un ton outrée, de plus en plus énervée, en élevant la voix pour être entendue dans la salle". "Oui, bien sûr, je vous connais. Vous êtes madame Aubry. Le Maire de Lille et... "Madame 35 heures". Et bien vous voyez ce que cela donne les 35 heures ? Ayant atteint son quota d'heures journaliers, mon personnel est rentré chez lui. Seul avec ma femme je ne peux que finir de servir les clients arrivés avant le départ du personnel mais je ne peux pas en prendre de nouveaux puisque je ne peux pas être en salle et en cuisine". Aubry s'est décomposée et est sortie en rampant sous la moquette (là, j'exagère, mais tout le reste est authentique).