Depuis l'aube noire de la première oppression, ils-elles sont de toutes les manifestations, de toutes les révoltes, de tous les coups de gueule, de toutes les barricades… dés lors qu'ils s'agit de combattre l'oppression, de se battre pour la justice, de résister à la tyrannie, d'aider des plus opprimé(e)s qu'eux-elles…
Depuis l'aube noire de la première oppression, seul(e) ou regroupé(e)s autour du pain qu'ils-elles partagent tant de leurs couteaux rouillés que, s'il y en a toujours pour les autres, il n'y en a pas toujours pour eux-elles mêmes.
Depuis l'aube noire de la première oppression, tous les pouvoirs, de droite comme de gauche, religieux ou civiques, s'entendent pour les frapper, les blesser, les arrêter, les enfermer, les déporter, les torturer, les tuer, les massacrer…
Depuis l'aube noire de la première oppression, on veut les agenouiller alors que, debout, comme un espoir claquant au vent des pleurs, des cris, des larmes, des sanglots, des hurlements… des opprimé(e)s, ils-elles avancent d'un pas rieur vers un avenir dont ils-elles savent qu'il ne sera pas le leur et dont ils rêvent pour une humanité enfin… humaine.
Depuis l'aube noire de la première oppression, sous les morsures et les insultes des chiens de garde de l'ordre en place, ils avancent en chantant se riant des coups qu'on leur donne tant leur cœur est gros de générosité, de fraternité…
Depuis l'aube noire de la première oppression, sans dieu ni maître, ils inventent un autre présent pour que demain soit, enfin, un… beau jour.
Depuis l'aube noir de la première oppression, leur drapeau, même rougi du sang des leurs, est toujours noir en deuil de cet avenir prometteur que la première oppression, autrement dit la première autorité a fait avorter : l'humanité.
Depuis l'aube noire de la première oppression, filles et fils de rien ou de si peu, ils-elles sont ici, là et ailleurs aussi pour que, demain, chacun(e) puisse être à lui-elle-même : un individu libre. Un être humain unique dans sa liberté et multiple dans son égalité et sa fraternité aux autres.
Depuis l'aube noire de la première oppression, dans le tumulte de leur tête, dans le tressaillement de leur cœur, dans l'éclat de leur rire, dans le silence de leur peine, dans la chaleur de leurs mains, dans le tourbillon de leurs actes…, ils portent cette étincelle de poésie : le possible d'un autre monde, celui d'une vraie vie de liberté, d'égalité et de fraternité sans la moindre exclusive.
Depuis l'aube noire de la première oppression, ils-elles taillent la pierre brute pour en faire jaillir la source emprisonnée qui, un jour, jaillira dans et pour chacun(e) : le bonheur.
Depuis l'aube noire de la première oppression, ils-elles sont… les anarchistes et, sans elles-eux, nul ne pourrait prétendre ou se revendiquer humain car, tou(te)s, sous la férule du maître-dieu, ne seraient que des esclaves, des non-humains sans conscience de leur humanité.
Avec le-la dernier(ère) anarchiste, ce sera l'aube étincelante ou bien le crépuscule ultime de l'humanité.