Notre liberté n'est pas bâillonnée par un quelconque dictateur à moustache, ni par un de ces tyrans sanguinaires à burnous, mais par des myriades de petits tyrans-fonctionnaires, qui s'efforcent néanmoins d'apparaître sympathiques en dehors de leurs heures de bureau.
Il n'empêche que…
Agents d'État, contrôleurs et contrôleuses en tous genres, policiers et policières, enseignants et enseignantes, assistants sociaux et assistantes sociales…, ce sont bien tous ces braves gens qui, forts de la minuscule parcelle d'autorité qui leur est accordée, assurent consciencieusement la bonne marche du système qui nous broie tous les jours.
Notre quotidien est zébré de fonctionnaires autoritaires, abrutis, insensibles, distants et insaisissables ; à peine veut-on les appréhender qu'ils se réfugient en un coup d'aile sur les cimes inabordables de l'indifférence bureaucratique qui les protège. Depuis le petit prof casse-bonbons qui distribue des heures de colle jusqu’au gros flic mal embouché qui file des mandales à tout va, en passant par le maître-nageur et le chef de gare, y en a pas un à sortir du lot, ils ont tous quelque chose à te faire payer ou bien un truc à t'interdire ! Et au nom de quoi ? Au nom du bien public, de l'ordre et de la sécurité. Ben voyons…
Charly ne s'y est pas trompé en écrivant : "L'État est toujours l'expression des puissants, du grand capital et des nantis. L'État maintient le peuple dans l'obéissance et la servitude ; il permet l'exploitation de son travail et réprime ses révoltes. Instrument de domination et d'oppression, il doit être anéanti" (p.17).
Dans la foulée, Gaby déploie un éventail de lois particulièrement absurdes (p. 18), et Xavier Frolan, dans un article publié en annexe de la brochure "Anarchosyndicalisme et autonomie populaire" s'interroge sur les dérives bureaucratiques du capitalisme et syndicalisme (p 19).
Il y a assurément autant - sinon plus - de responsabilité à obéir qu'à commander.
Ainsi, les populations sont coupables de ne pas se révolter sérieusement. À cet égard, Jean-Charles nous apporte des nouvelles du troupeau et nous livre une réflexion sur l'esprit de moutonnerie qui règne en maître sur l'humanité (p 6). Géger nous propose un petit jeu sur la question (p.9 ), et Maï rebondit joyeusement en évoquant l'anarchie et la liberté (p 10).
Car heureusement, il en est tout de même qui savent désobéir. Les Collectifs sans Ticket sont de ceux-là (p. 12). Le mouvement s'amplifie et on trouve maintenant des collectifs de ce genre un peu partout (p.13)
Et pendant qu'au sein de l'Union Européenne, l'europolice organise la répression généralisée (p. 13), de l'autre côté de la planète, la société Coca-Cola fait triompher sa politique absolutiste par la force armée et installe sans vergogne la plus parfaite dictature (p. 14). Une raison de plus pour ne jamais boire une goutte de ce jus de pneu. Il y a vraiment de quoi se sentir anti-ricain à mort ! Mais ne mélangeons pas les choses, le pouvoir américain n'est pas le peuple américain. L'excellent journal anar québécois "TROUBLE" n'a pas manqué de le souligner (p. 15).
Les intellectuels subventionnés se targuent de développer un esprit critique. Oui, mais attention, dans les limites du raisonnable, et pas au point de mordre la main qui les nourrit.
On entend déjà d’ici les argumentations patapoufantes : « les choses sont complexes, il faut être plus pointu, AL vire à l’anarcho-poujadisme… ».
Nous publions la suite de l’article de Normand Baillargeon, un intellectuel un peu plus courageux que les autres, qui n’hésite pas à « trahir »(P26).
Chaque numéro d'Alternative Libertaire est une nouvelle aventure.
Réunions, discussions, réflexions rigolade, engueulades…
éGun
