CONSOMMER POUR ÊTRE CONSIDÉRÉ
D'une façon systématique, les critiques de la "mal-bouffe" se gardent bien d'aborder l'essentiel, à savoir que loin d'etre une victime plus ou moins consentante, le consommateur s'en donne a cœur joie. Consommer, en effet, c'est être considéré.
Il suffit de regarder ces masses indifférenciées, communiant dans quelque temple de la consommation, pour constater que toute communication, toute spontanéité se dissout dans l'étalage d'un culte abolissant l'individualité.
Aucune argumentation ne prévaudra jamais contre ces fanatiques de reconnaissance qu'un monde rempli d'ersatz rend euphorique. Consommer, c'est se montrer, s'afficher, s'exposer au travers d'un jeu de valorisation mutuelle en miroir.
Les diatribes des bons apôtres réformistes de "la qualité de la vie" ne visent finalement que les nuisances déjà majoritairement condamnées (la pollution, le bruit…). Leur silence est éloquent. Parlant de l'intérieur d'un système qu'ils refusent à mettre en cause, ils ne s'en prennent qu'à ses errements les plus scandaleux. Leurs gesticulations n'ont d'autre finalité que de relifter le monstre (l'horreur économique) et de le rendre un peu plus acceptable.
Le triomphe de la production marchande, c'est le remplacement du réel par des clichés, par des trompe-l'œil, des leurres, tous aseptisés, et donc sans surprises.
Un crime largement approuvé s'exécute sous nos yeux : l'infantilisation de l'humanité, la disneylandisation de la planète.
Dans ce monde sans conflits, les opposants ne seront plus que de simples figurants rabâchant un discours unanimiste. Il ne suffit pas aux dictatures pour durer de "la voiture pour tous", des autoroutes, de la sécurité sociale... Il faut qu'elles proclament à l'envi l'excellence de leur système dé-mo-cra-tique.
On est mal barré!
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