LE SIECLE DES CENTRES FERMES

 


Une loi d'urgence

 

« Le centre fermé d’Everlee », lit-on en petite note dans le Knack du 13 au 19 février, p. 8:  « Le Ministre des travaux publics Rik Daems (VLD) a reçu l’autorisation de commencer les travaux du centre fermé pour jeunes délinquants à Everberg. 

Dans un premier temps, il y fera venir des containers à destination d’habitation, et ensuite, la vieille caserne désaffectée des paras deviendra la prison pour jeunes. 

Le premier ministre Verhofstadt (VLD) soutient que les dix premiers jeunes détenus seront accueillis dès la fin du mois de février.  Mais cela nécessite l’adoption d’urgence d’une loi qui permet d’emprisonner provisoirement les jeunes.  Une proposition de loi à cette fin sera déposée au parlement après les vacances de Pâques. »  Mince alors, ce n’est pas un projet, c’est une charge.  Et c’est réussi.  Début mars, le centre d’Everlee héberge une dizaine de jeunes de moins de dix-huit ans, avec ou sans loi sur l’emprisonnement des jeunes.

A la RTBF, un intervenant s’écrie: « Quelle belle preuve de l’efficacité gouvernementale!  Alors que les services d’aide à la jeunesse manquent de personnel depuis 20 ans, le gouvernement se vante de faire sortir une prison du sol en 15 jours! »

Elle est bizarre au fond, cette expression « centre fermé ».  Comme la « prison », c’est réservé aux adultes délinquants, on dit « centre fermé » quand c’est une prison pour des adultes non délinquants tels que les sans-papiers, et je m’aperçois qu’on dit la même chose quand c’est une prison pour les ados délinquants. 

L’expression « camp de concentration » était aussi, à l’origine et pendant trop longtemps, un euphémisme technocratique qui n’attirait pas l’attention de la population non concernée.

 

Histoire anversoise

 

A la page 34 de votre Knack, le commissaire Nuyts, chef de la brigade des jeunes de la gendarmerie d’Anvers, homme de terrain, atteste que la violence des jeunes est un gros problème dans cette ville.  Le commissaire Nuyts plante le décor en ces termes: ils se rackettent entre eux, ou ils rackettent d’autres enfants.  Ils arrachent le sac aux vieilles dames, les conducteurs à leur voiture, ils se balladent avec des armes blanches sur eux.  En bandes, ils attaquent les cyclistes pour un GSM, une casquette, quelques euros contre quelques coups de poings.  Ils cambriolent, ils volent à l’étalage, ils se font la guerre entre bandes rivales.  Dans ce genre de délinquance très visible, harcelante et nuisible à la population, les jeunes de 18 à 25 ans sont surreprésentés.  18-25 sont des années folles, des années à potentiel violent.  Mais pour beaucoup, cela commence déjà à 12 ans. 

 

« La culture de rue des allochtones »

 

C’est un des sous-titres de l’article du Knack.  Pour savoir mieux qui sont ces jeunes qui tournent si mal si tôt, le commissaire Nuyts se réfère à l’étude si controversée de Marion Van San sur la relation entre délinquance et allochtonie: il en dit dans le Knack qu’elle est bien courageuse et briseuse de tabous, et qu’elle a permis à la gendarmerie d’en savoir plus sur le phénomène.  Selon lui et selon cette étude, les allochtones sont-surreprésentés-parmi-les-jeunes-délinquants.  Même si on n’a toujours pas de données plus concrètes.  Quoi qu’il en soit, le mécanisme de cette violence part de ce que l’article appelle « la culture de rue des jeunes allochtones ».  Ils traînent en rue, ils interpellent les filles, ils fomentent des mauvais coups et ils finissent par agresser sérieusement en rue.  Tout part de la façon typiquement allochtone de traîner en rue, donc on suppose bien que cela aboutit à une façon typiquement allochtone d’agresser.  Et des mal élevés comme ça, il y en a environ 300 à Anvers, sans compter des complices occasionnels qui viennent grossir les bandes. 

Pourtant, à Charleroi, où il y a relativement moins d’immigration récente, il n’y a guère moins de criminalité des jeunes!  Il y a seulement davantage de jeunes belges impliqués.  Bref, la délinquance des jeunes, c’est quelque chose qui est propre à tous les jeunes que leur classe sociale et la perspective de l’oppression rendent nerveux.  Et du coup, cela n’a plus rien à voir avec la culture de rue des ethnies étrangères. 

Quand on a ainsi comparé Anvers à Charleroi, on comprend encore bien plus de choses.  Il faut être dans une région relativement embourgeoisée et d’un bon niveau de vie, dans une région pas trop en crise, pour que seuls les étrangers y dénotent.  C’est pourquoi de proprettes villes flamandes, autrichiennes ou du nord de l’Italie croient aux fables xénophobes du Vlaams Blok et de ses homologues, tandis que dans les métropoles bordelliques, et à bord des radeaux de la Méduse post-industriels, on y croit beaucoup moins. 

Rien qu’avec ça, on a déjà bien dessiné la carte politique de l’Europe!

 

Les mots de la haine

 

« Le plaisir de frapper »: tel est le titre original de article du Knack.  C’est ce plaisir que découvrent non seulement de jeunes Maghrébins, mais aussi les enfants des réfugiés ou des sans-papiers qui arrivent de l’est depuis que le capitalisme a déclenché le grand effondrement là-bas. 

Ces jeunes et ces enfants ont trop de frustrations, alors ils découvrent le plaisir de frapper.  Ce sont des victimes, disent tous les intervenants dans l’article du Knack, y compris le commissaire Nuyts mais aussi une juge de la jeunesse et un éducateur social.  Donc oui, ce sont des victimes, mais que peut-on y faire? 

Là-dessus, notre rédacteur du Knack met en exergue, en encadré, en grand au milieu de l’article:  « La peur dans les yeux de leur victime: c’est ce qui leur fait le plus grand plaisir. »  Une phrase comme celles qui ont déjà servi à jeter les Hutu sur les Tutsi, les Serbes sur les Bosniaques, etc.  Il vient alors à l’esprit du lecteur une comparaison qui pour n’avoir pas été osée dans le texte, n’en est pas moins irrésistible: un chien enragé est lui aussi une victime.  C’est pourquoi, deux lignes après avoir rappelé et même décrit mieux que quiconque la situation sociale qui pousse les jeunes à l’agression des gens qui leur paraissent mieux insérés qu’eux dans la société, le commissaire Nuyts applaudit la construction de prisons pour tous ces jeunes, et une nouvelle loi sur la délinquance des jeunes qui les envoie remplir ces prisons. 

 

Qui vole une boîte à l’Aldi...

 

Dans une génération, assure le commissaire Nuyts, on ne parlera plus des Maghrébins: ils seront intégrés.  Mais voilà: il est dès aujourd’hui à prévoir que d’autres étrangers vont prendre la relève.  Ce sont les enfants des réfugiés et des sans papiers, dont les parents ne reçoivent actuellement pas d’aide sociale.  De nos jours, précise le commissaire Nuyts, ce sont ces enfants qu’on pince à l’Aldi en train de dévorer des vivres entre les rayons.  Leurs parents ne savent pas s’ils vont rester en Belgique ou être rapatriés de force.  Ils ne savent pas s’ils vont connaître la paix ou être renvoyés à la guerre.  Beaucoup de ces enfants ont connu la guerre et les camps de réfugiés, ils sont traumatisés, et cela a pour effet qu’ils sont dépourvus de tout sens moral.   Ils sont le vivier de la délinquance de demain, qui promet d’être dure autant qu’ils en endurent aujourd’hui. 

Et c’est pourquoi, dit le commissaire, il faut construire de grandes prisons.

Cela coûte plus cher que de donner aux enfants les boîtes de l’Aldi, mais bon...

 

Comme dans la chanson…

 

C’est très étonnant de lire les titres et l’exergue:

« La culture de rue des allochtones »

« Pour le plaisir de frapper »

« Ce qui leur fait le plus grand plaisir, c’est de lire la peur dans les yeux de leur victime »

 « Des lois égales pour des gens inégaux ». 

Ah, voilà autre chose! 

Meuhnon, qu’allez-vous penser!  Je précise immédiatement que ce dernier titre, contrairement à son apparence, ne renvoie pas du tout, du tout, à une idée de hiérarchisation raciste!  C’est vous qui avez l’esprit mal tourné!  En réalité, il provient d’une parole tout innocente de la juge de la jeunesse intervieuwée.  La juge ne pense pas comme le commissaire Nuyts.  Elle dit qu’elle préfère l’actuelle loi sur la protection de la jeunesse à un système qui attacherait automatiquement telle peine de prison pour jeunes à telle infraction commise par le jeune.  En effet, dit-elle, ce système plus répressif et plus proche du droit pénal pour les adultes serait, selon elle, « faire des lois égales pour des gens inégaux ».  Et voilà un avis dissident qui est la preuve que l’article que je lis est objectif et impartial.

C’est comme tout à l’heure: tous les intervenants disent que les jeunes sont des victimes, donc vous voyez qu’on est humains et même humanistes!  La prison, n’est-ce pas, ne s’impose qu’après mûre réflexion et débat à plusieurs voix. 

Il reste que le jeu de ces titres, avec des contenus différents de que ce qu’ils suggèrent, fait assez bien le même effet que la chanson:

« Du haut de la montagne, descendait un gros cul

Un gros curé de campagne, qui tenait son gros bout

Son gros bouquin de prières, pour aller dans un con

Dans un confessionnal... » 

Et voilà qui fait au Blok la part aussi belle que la chanson la fait aux idées pas catholiques.

 

Un choix à long terme…

 

En Turquie, il y a des dizaines de détenus qui se laissent mourir de faim et dont les familles mènent tout un combat.  Pourquoi?  Parce que le gouvernement turc veut consteller le pays de prisons construites sur le mode de Lantin ou, ce qui est pareil, comme les prisons américaines.  Le gouvernement a beau expliquer à la population que ces prisons sont en tout point conformes aux canons de la démocratie occidentale: les Turcs n’en veulent pas.  Ils répondent que les prisons modernes sont des centres de torture. 

Les cellules individuelles ou à quatre, savent-ils, rendent les détenus nus comme des vers face à toutes les entreprises du personnel de la prison.

Quel que soit le dosage de préau et de cellule auquel on procède selon le mérite des détenus, carotte et bâton sont les lois de l’arbitraire carcéral.  Quel tribunal, quel Dieu peut dire à partir de quels dosages commence la torture, et à partir de quel degré de connerie humaine de la part d’un personnel tout puissant, commence le traitement inhumain et dégradant?

Les psychiatres des prisons ont une catégorie nosographique dont on n’entend pas beaucoup parler ailleurs: « psychose carcérale. »  La prison de chez nous a beau être estampillée conforme aux droits de l’être humain, elle peut aller jusqu’à faire délirer. 

Et c’est là-dedans qu’on veut enfermer des jeunes qui n’ont pas dix huit ans, en espérant qu’ils en sortiront calmés après quelques mois.  Mais personne n’en sort calmé, et encore moins les jeunes que les vieux. 

C’est bien pour cela que, si on commence ainsi, il va falloir construire de très, très grandes prisons, car on ne peut faire les choses à moitié.  Après le siècle des camps, celui des centre fermés?

 

«Cécily


 

 

 

ET SI LE PARLEMENT DEVENAIT RESISTANT ?

 

 

Sous l’impulsion motrice du VLD, qui cherche lui-même à récupérer l’électorat Vlaams Blok, il s’en passe de drôles au gouvernement !  Un projet de loi autoritaire succède à l’autre.  Le premier limite le droit de grève, le deuxième supprime le minimex, le troisième envoie les jeunes (« mineurs ») délinquants en prison. 

 


Comme la section législation du Conseil d’Etat ne pense pas de tout cela que du bien, il y aurait lieu d’en déposer un quatrième qui supprimerait la section législation du Conseil d’Etat.  Et je ne parle pas des projets qui ne passent pas par le parlement, tels qu’une circulaire de janvier 2002 qui augmente les expulsions d’étrangers en séjour illégal, et les étend même à des demandeurs d’asile en cours de procédure, pendant que la section administration du Conseil d’Etat élabore une jurisprudence hallucinante dans le but de s’éviter les mêmes attaques gouvernementales que la section législation.  Ambiance...

 

Le gouvernement en impose.  Ce qui est le plus embêtant, c’est qu’il en impose aux parlementaires.  Or, dans la Constitution, il est écrit que le pouvoir législatif élu est souverain, tandis que le gouvernement est le pouvoir exécutif subordonné au premier.  Dans la réalité, c’est le contraire.  Le gouvernement dirige et les parlementaires « s’exécutent » en votant ses projets de lois.  Pénétrés du sentiment de leur désorganisation démocratique, de leur incompétence humaine face aux demi-dieux du gouvernement, les parlementaires n’osent généralement que quelques timides amendements, de molles interpellations, convaincus que le gouvernement doit bien avoir raison quelque part, et usera convenablement de leurs blanc-seins législatifs. 

 

Un lobbyistes amateur du collectif de défense des minimexés a constaté avec étonnement: « Les députés sont innocents.  Quand on leur explique ne serait-ce qu’un bout de la réalité, ils tombent des nues.  Tu verrais les têtes qu’ils tirent!  Ils sont vraiment ébranlés!  Mais nooon, je te jure que ce n’est pas du jeu!  Avec les meilleurs acteurs d’Hollywood, pour avoir des têtes comme ça, il faudrait recommencer trois fois la prise de vue! »  Eh bien, nos parlementaires tiendraient-ils de ce fils de nabab qui croyait que le minimex était à 60 000 F par mois ?  Y aurait-il donc là un simple travail d’information à faire, pour que le projet de loi sur l’intégration sociale ne passe pas ?  A l’heure qu’il est, Vandelanotte et les parlementaires discutent ferme et la réponse ne va pas encore de soi.

 

Innocents du fait de leur milieu d’origine confortable, puis de leur carrière brillante, comme si parfois les aptitudes avaient pour effet qu’on comprend moins bien certaines choses, les députés et sénateurs exercent leur mandat envoûtés par un gouvernement qui leur paraît à dessein hyperactif et surdoué.  En amont déjà, pour arriver député ou sénateur, la sélection et la discipline de parti requièrent qu’on soit innocent.  Bien léché.  Pas révolté par la vie, parce que cela fait mauvais genre, mais seulement sensible aux bonnes valeurs, à la juste distance, équilibré et parfait comme Bouddha avant son illumination.  Ainsi, un bon écolo se recrute joliment alternatif comme une vitrine d’Oxfam.  Au contraire, d’un révolté, on peut présumer qu’il projette sur la société des difficultés qui sont toujours, en dernière analyse, imputables à ses propres faiblesses et ses propres défauts.  Alors, entre élus ou éligibles, on plane dans la tautologie, au-dessus des nuages, parmi les anges, dans un monde feutré où qui pense avec trop de passion a « certainement des problèmes personnels ».  C’est pourquoi, au parlement, ceux qui votent de manière dissidente se comptent sur les doigts de la main et le font parce qu’ils sont inopinément tombés sur la tête depuis qu’ils ont été élus, ce que leur parti ne pouvait pas prévoir.  Si même le Vatican a laissé passer un Câmara et un Romero, alors il ne faudrait pas demander aux écolos et aux socialistes de faire mieux comme contrôle interne. 

 

Les parlementaires n’en ont pas moins l’impression de travailler dur.  Vincent Decroly les a entendu lui répondre: « Toi, tu choisis la voie de la facilité.  Tu n’es pas d’accord, tu votes non.  C’est facile!  Le vrai courage politique, c’est de voter contre ses opinions personnelles! »  A leur base militante, à Borzée, ils répètent d’ailleurs: « Vous savez, c’est très dur de négocier avec les libéraux.  On doit vraiment se battre. »  Ils se battent, c’est bien, mais contre qui?  Contre les libéraux ou contre eux-mêmes?  Alors là, on est carrément dans la psychanalyse.  Face aux imagos parentales du gouvernement, on dirait les enfants à qui on dit: « Ne dis pas « non » par caprice, à court terme, parce que tu n’aimes pas, parce que tu veux ton plaisir.  Apprends à dire oui à des choses désagréables, c’est pour ton bien, et tu seras un homme, mon fils, et tu seras une femme, ma fille. »  Hélas, le caprice que les enfants obéissants sacrifient ainsi n’est rien de moins que la vie de leurs électeurs, et leur courage d’accéder au principe de réalité, celui de trahir les électeurs et de flétrir l’espoir en une société vivable. 

 

Soudain, la semaine passée, à la commission du Sénat des affaires intérieures, Jeanine Leduc, leader de la fraction VLD, nous jure que son parti ne soutiendrait jamais une chose que la population refuse: le droit de vote de 250 000 étrangers non européens aux élections communales, sur 7,5 millions de Belges titulaires du droit de vote.  On s’extasie.  Comme ça, un parti peut tout bloquer parce qu’il ne sent pas sa base!  Mais on avait oublié que c’était possible.  Quelle merveilleuse sensibilité démocratique!  Et si… et si… Et si le parlement devenait résistant ?  Il nous prend la vision d’une foule immense descendue dans la rue, avec pour bande sonore l’hymne de JJ Goldman: « il suffira d’un signe... »   Ce serait le grand soir si d’autres partis pouvaient réagir ainsi à propos d’un autre thème que la population refuse: l’activation du minimex! 

 

Malheureusement, ni le VLD ni les partis de gauche ne peuvent laisser s’exprimer la sensibilité populaire que dans ce sens-là.  Dans aucun autre sens mais dans celui-là, bien.  Il est écrit, par ce qui se cache derrière l’image parentale, que le pouvoir élu refuse à la population toute voix au chapitre, sauf pour exprimer ce qui est bas, rabattre l’hostilité des opprimés vers de plus opprimés encore, clamer ce qui est sordide, sacrifier les étrangers, pour finalement crever dans son petit jardin une fois qu’il se rétrécira quand même en deçà du viable.  Car qui croit encore que ceux qui poussent à sacrifier les étrangers s’arrêteront en si bon chemin ? 

 

Face à la raison implicite qu’a défendu le VLD, les autres partis n’ont pas voulu faire tomber le gouvernement pour si peu.  Mais le VLD l’aurait-il fait tomber lui-même, le gouvernement, pour si peu?  Au fond, ce sont les autres partis qui ont pris la décision.  Ce sont tous les parlementaires des autres partis qui ont pris la décision, en votant contre leur opinion personnelle et contre celle de leurs électeurs.

 

A ce train là, l’extrême-droite peut faire la même chose en mieux.  Vivable se dit leefbaar  en Néerlandais.  Chez nos voisins du nord, un certain Pim Fortuyn, « consultant » dans différentes multinationales, vient de se faire exclure du parti gentiment populiste Leefbaar Nederland, style comités blancs, parce qu’il maintient un discours xénophobe et autoritaire dont ce parti ne veut pas.  Leefbaar Nederland ne veut plus de Fortuyn, mais le Knack dit que les foules en veulent bien.  Déjà, dit le Knack, Leefbaar Nederland se rétrécit tandis que Fortuyn recrute.  Le Knack ne cesse de souligner la force de persuasion de Fortuyn sur les foules « incomprises » des partis traditionnels.  Fortuyn a un atout: il a certainement été le consultant le mieux payé de toute la Hollande pendant les deux années qui ont précédé la création, aujourd’hui, de son parti à lui.  De toutes les pages du Knack qui traitent de son cas, transpire une espèce d’admiration envers sa réussite, et de conviction intime que son pouvoir sur les citoyens est irrésistible.  Officiellement, le Knack n’aime pas l’extrême-droite, et « défend la démocratie »; mais comme le dit Nietzche, « la plus perfide façon de nuire à une cause est de la défendre intentionnellement avec de mauvais arguments. »  Gai savoir.

Zone de Texte: Rubrique mode
Ca, c’est nouveau dans AL.  Je ne sais pas s’il y en aura encore une le mois prochain.  Peut-être qu’on essayera une rubrique astrologie.  
En tout cas, la présente est motivée par le constat désolant: qu’avons-nous fait ce printemps pour mériter une mode aussi insipide?
Ces dernières années, c’était pourtant bien.  On glissait à petits pas, du kaki, vers des allusions de plus en plus militaires.  Visiblement, les consommateurs rôdaient par là, d’abord avec prudence, un peu gênés de se sentir attirés, se demandant pour quelle subcomandante ils avaient la prétention de se prendre et à quelle armée les autres croiraient qu’ils appartenaient.  Progressivement, tous milieux sociaux et sensibilités politiques se trouvaient de plus en plus en phase avec ce look, communiant dans la réalité que la vie est pour tous une dure lutte.  C’est alors que, patatras, le World Trade Center a été attaqué pour du vrai.
Les Etats-Unis ont rigoureusement ravalé toutes les images atroces du drame, allant jusqu’à les racheter grassement aux agences de presse les plus souveraines dans la stratosphère de leurs satellites privés.  Ce qu’on sait moins, c’est qu’on a aussi exhorté les créateurs de mode à bannir désormais toute allusion militaire de leurs collections.  Comme c’était ce qu’ils tramaient pour l’été 2002, ils ont dû tout revoir, et comme la créativité fait mauvais ménage avec le politiquement correct, ils ont fait n’importe quoi, du neutre et du bleu pâle, du beige avec un chouïa de David Hamilton.  Et voilà pourquoi votre mode est muette.
«Cécily
«Cécily


 

Au Fifty one

Ciné-club

Tous les troisièmes samedis du mois un film à thème est projeté et suivi d'une invitation à débattre, sur les thèmes évoqués dans les films.

Spectacle gratuit

Pour tous, bien évidemment.

 

CE SAMEDI 20 AVRIL 2002

la projection débutera à 18 h 30

au Centre Libertaire

65 rue du Midi 1000 Bruxelles  

 

Film du mois

LA MEDAILLE

de Sergio ROSSI

Thème :

le danger du militantisme

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La médaille :

1.Un pigeon s’est posé

Sur l’épaule galonnée

Du Maréchal de France

Et il a décoré

La statue dressée

D’une gastrique offense

Maréchaux assassins

Sur vos bustes d’airain

Vos poitrines superbes

Vos médailles ne sont

Que fiente de pigeon

De la merde.

2.Un enfant est venu

Aux pieds de la statue

Du Maréchal de France

Une envie naturelle

L’a fait pisser contre elle

Mais en toute innocence

Maréchaux assassins

Le môme mine de rien

A joliment vengé

Les enfants et les mères

Que dans vos sales guerres

Vous avez massacrés.

3.Un clodo s’est couché

Une nuit juste aux pieds

Du Maréchal de France

Ivre mort au matin

Il a vomi son vin

Dans une gerbe immense

Maréchaux assassins

Vous ne méritiez rien

De mieux pour vos méfaits

Que cet hommage immonde

Pour tout le sang du monde

Par vos sabres versé.

4.Un couple d’amoureux

S’embrasse sous les yeux

Du Maréchal de France

Muet comme un vieux bonze

Il restera de bronze

Raide comme une lance

Maréchaux assassins

L’amour ne vous dit rien

A part bien sûr celui

De la patrie hélas

Cette idée dégueulasse

Qu’à mon tour je conchie.

Paroles et musique :

Renaud Séchan