ALTERNATIVE LIBERTAIRE N°13 (249) Avril 2002
EN
GUISE D'ÉDITO…
EXPULSIONS :
L’ETAT
A DU SANG SUR LES MAINS
Des mains… rougies par les coups portés ou le sang éclaboussé,
celles des exécutants : gendarmes, policiers, gardiens de centre fermé
ou de prison, responsables de compagnies aériennes.
Du
sang… rouge, toujours rouge, celui de Semira, Matthew, Yevgeni, Rafik et
tous les autres, réfugiés en quête d’un avenir meilleur qui n’ont connu
en Europe que les centres fermés, les prisons, les humiliations, les coups et
parfois, la mort.
D’autres
mains… blanches, immaculées, mais pourtant tellement souillées, celles des
véritables responsables : Tobback, Vandelanotte, Duquesne, Smet et leurs
prédécesseurs.
S |
emaine après semaine, mois après mois, les témoignages s’accumulent, toujours insoutenables.
L’assassinat de Semira, les coups portés à Matthew ou Rafik ne sont pas des bavures ni des actes isolés commis par des exécutants racistes. Ils reflètent au contraire la stricte application de procédures officielles, de décisions prises non pas dans les cachots de Zaventem, mais dans les bureaux de la rue de la Loi, du Ministère de l’Intérieur et de l’Office des Étrangers.
Le coussin utilisé pour étouffer Semira Adamu n’était pas un ustensile utilisé par hasard, mais un «outil de travail» à l’usage réglementé et défini au plus haut niveau.
Le meurtre de sans-papiers et les violences souvent racistes à leur égard sont l’une des options acceptées de la politique d’«immigration» belge et européenne.
Les
actes que l’on assimile officiellement à des bavures ne sont que le
fonctionnement normal d’un système.
Au-delà
de ses exécutants, c’est donc bien
l’État lui-même qui a du sang sur les mains. Et au-delà de ses simples
exécutants, c’est donc bien l’État lui-même qu’il faut dénoncer.
Cette
main rouge est un symbole, un éclair de couleur que nous voudrions voir fleurir
partout, des sites web aux murs des prisons, des grillages des centres fermés
aux fenêtres des voitures, pour dénoncer encore et partout les expulsions
violentes dont l’État et l’Europe Forteresse ont fait un système.
Utilisez
cette main, reproduisez-la, collez-la, peignez-la partout où elle sera vue,
qu’elle devienne un symbole fort et un signal clair de notre refus d’un État
assassin.