ALTERNATIVE LIBERTAIRE N°
11 - Février 2002
Horreurs Médiatiques
Les privilèges aristocratiques
Tenus
à la neutralité, les journalistes sous-traitent la désinformation aux
personnalités
intervieuwées,
qui l’assument en ayant l’air de nous confier leur intime conviction.
Les
journaux se prêtent leurs journalistes dans ce but.
Pour l’Express, Robert Samuelson, chroniqueur à
News Week et au Washington Post, nous interprète tout d’abord avec talent
le refrain bien connu contre l’Etat-Providence. C’est
la richesse individuelle, autant que la pilule, disponible en 1960, qui
rendent moins indispensable l’unité familiale et le conformisme.
Mais, dans tous les milieux, on entre dans la phase de l’épanouissement
personnel. Chaque citoyen
s’estime investi de privilèges aristocratiques.
Pour moi, c’est le point culminant de « l’âge des prérogatives ».
Ce moment où tout Américain pense disposer d’une créance sur les
différentes structures de la société supposée garantir son bien-être
(...) c’est une subtile dilution de la responsabilité personnelle ...
(1) Heureusement, tel un Zorro surgi son Far West pour rétablir la justice
sociale contributive, Reagan va
s’opposer à l’idéologie étatique des sixties en baissant les impôts et
en coupant dans les programmes sociaux, avant de se voir bloqué par le Congrès
démocrate. Mais je crois
qu’aucun congressiste, même républicain, ne l’aurait laissé
s’attaquer aux retraites publiques, à Medicare, aux subventions agricoles,
qui constituent le gros des dépenses fédérales et le coeur des prérogatives
américaines. Ciel !
Justement, voici (ci-dessous) le vrai et authentique budget fédéral
US.
Juré que ce n’est pas une blague de la part
des pacifistes! Pour y trouver
Medicare et les subventions agricoles, il faut déjà chercher.
Le coeur des prérogatives américaines, c’est l’armement, dont le
budget dépasse tous les autres (2).
Epargnez
bien !
Selon une responsable de la communication chez
Fortis, intevieuwée ce matin à la radio pour sa grande expertise en matière
financière, le gouvernement argentin a commis l’erreur consistant à
vouloir séduire les investisseurs étrangers.
C’était ce qu’il fallait faire pour devenir le
meilleur élève du FMI: les séduire en leur garantissant une monnaie forte
et de faibles coûts du travail. C’est
ce qu’a fait l’Argentine, et c’est là son erreur.
Pour comprendre, imaginez une classe dont le premier recevrait des
retenues et le bonnet d’âne.
Maintenant, les capitaux gorgés comme des tiques se
sont détachés du pays et sont partis ailleurs, là où il n’y a pas de
fisc ni de planche à billets. Le
chômage se généralise, dûment sous-indemnisé afin d’inciter à la
recherche d’emploi, quand d’emploi, il n’y a guère.
Du coup, les chômeurs argentins s’organisent pour se servir
librement dans les grands magasins. « Pillage »,
on appelle ça; « ré-appropriation », les entent-on répondre.
Là-dessus, le Président du pays annonce à la télé
l’état de siège. Les
Argentins, toutes classes confondues ou presque, connaissent bien, et ils
n’aiment pas. Sans faire ni une
ni deux, ils s’adonnent à un concert de casseroles, descendent en rue,
convergent sur la place de Mai qui en a vu d’autres.
Comme ils sont moins organisés que les chômeurs, du fait qu’ils ont
un objectif plus abstrait, il suffit de quelques charges pour les disperser.
Ensuite, sans crier gare, les banques restent fermées.
D’un coup sec, elles ont reclapé leurs portes blindées sur le
capital de la petite et moyenne bourgeoisie, afin qu’il y reste bloqué en
attendant son exposition au soleil de la dévaluation, qui le fera fondre
comme neige. Les petits épargnants
se retrouvent comme ceux de l’Allemagne des années trente.
Ce sont les économies de toute leur vie qui serviront un peu
brutalement à reconstruire le pays après le passage des sauterelles du grand
capital.
Rien ne doit empêcher le remboursement de la dette,
dit à la RTBF l’imperturbable responsable de la communication de la banque
Fortis, qui conclut: contre la menace de chaos, un bon gouvernement moderne du
XXIème siècle n’a qu’une seule solution: l’état de siège.
Tenez-vous le pour dit, et épargnez bien !
L’espérance des
peuples
Lancement
d’un journal indigène! titre l’Espérance des
peuples n°395, décembre 2000.
Le premier
journal multilingue adressé aux communautés ethniques est paru le 21
septembre au Chili, écrit en Rapanui, Mapudungun et Aymara (...)
Nuestros Pueblos est publié chaque mois à Temuco, 670 km au sud de
Santiago, où la Corporation nationale de développement indigène (CONADI) a
son siège. Les 20 000 exemplaires
de chaque édition de Nuestros Pueblos sont distribués gratuitement parmi les
Mapuches, les Aymaras, les Atacamenos, les Rapanauis et d’autres groupes
natifs.
Dame! En voilà une opération
énergique! Et d’où ce journal
gratuit reçoit-il ses sous ? Nul
ne semble se poser la question.
Selon le
recensement de 1992, les peuples indigènes représentent moins de 10% de la
population chiliennes. Les
Mapuches, dont la langue est le Mapudungun (...) sont le groupe le plus
nombreux, représentant 81,4% de la population indigène.
Les Aymaras, qui habitent les zones de l’altiplano de l’extrême
nord du pays, constituent 14,5% des groupes natifs et les Atacamenos, également
au Nord, équivalent à 1,6%. Les
Rapanuis, de l’île de Pâques, représentent 1,2%..
Mon petit doigt me dit que ces protecteurs de minorités
se trompent de démocratie, mais tant qu’il n’y a que mon petit doigt qui
me le dit, cela ne fait pas une horreur médiatique.
Il me faut attendre le Monde Diplo de janvier 2002 pour y lire:
A la fin du
mois d’août 2001, les Argentins ont découvert avec surprise qu’avaient
lieu sur leur territoire des manoeuvres conjointes regroupant 1 300 militaires
appartenant à 9 pays, dont les Etats-Unis, en présence d’observateurs
colombiens. (...) Parrainées et
financées par les Etats-Unis, ces manoeuvres militaires sont les plus
importantes de la région. Plus étonnant
encore en est le scénario, un conflit ethnique imaginaire mettant aux prises
la république indépendante du Sudistan et la Fédération libre du Sudistan.
Entre les deux, une force multinationale des Nations Unies se déploie
pour ramener la paix (...) Or le
Congrès argentin, seul habilité à autoriser l’entrée de troupes étrangères
sur le territoire, n’a même pas été consulté.
Il est vrai que, depuis peu, le Conseil national du renseignement de la CIA et le Centre de
recherches militaires du Chili ont identifié un nouveau défi à la sécurité
intérieure: la menace indigène, du Mexique à la terre de feu .
Le 20 septembre 2001,
l’Inter-American Defense Board envisageait un scénario dans lequel
l’extension d’un conflit pourrait conduire à une guerre supra-régionale
aux connotations ethniques et religieuses.
Darc Costa, coordinateur du Centre d’études stratégiques
de l’Ecole supérieure de guerre du Brésil, glisse de la prédiction à
l’analyse: J’ai dit à Hugo Chavez
et à la guerilla colombienne de faire attention.
Hugo Chavez est le trop populaire président du Venezuela, occupé à
construire un système social un peu balaise par rapport au reste de l’Amérique
Latine. Quoi de mieux qu’un
conflit ethnique à lui balancer dans les pattes ?
D'où l'intérêt de se demander d'où viennent les
sous pour les 20 000 journaux gratuits par mois en idiome natif ?
«Cécily
Notes
(1)
L’Express
10/8/2000; « La première guerre
du XXIème siècle, l’Express-éditions, 2001 p. 181-182
(2)
« Les
Etats-Unis s’en vont-ils en guerre? », GRIP - Complexe, 2000, p.
88
INDYMEDIA
Un océan de
paranoïa
Au
lendemain de la manif contre le sommet de Laeken, le 15 décembre dernier,
regroupant les cocos, la CNT et les ONG – donc pas la manif anar, mais
l'autre –, on trouvait dans la partie gauche du site d'Indymedia, c'est-à-dire
la partie rédigée par le collectif d'Indymedia (et non pas par de simples
visiteurs du site), un titre du style : "Policiers infiltrés".
On
pouvait voir une série de photos d'un type dont le commentaire disait qu'il
avait un comportement louche, qu'il surveillait les manifestants et téléphonait
au gsm, qu'il faisait semblant de faire partie de la CNT mais que c'était
certainement un policier infiltré. Or, après quelques échanges de vociférations
sur le net, il s'est avéré qu'il était membre du "service
d'ordre" de la CNT, ce qui expliquait son comportement suspect, aussi
bien que s'il avait été flic.
Entre
temps, on avait eu droit dans le "add
yours comments" du site à tous les dysfonctionnements du téléphone
arabe : certains étaient convaincu que la CNT était infiltrée par des
flics; d'autres, en particulier au nom de la CNT, traitaient le collectif
d'Indymedia de tous les noms d'oiseaux pour avoir diffusé des photos
et des soupçons dans un titre qui portait atteinte à la crédibilté de la
CNT. "Je trouve inadmissible de
faire dire n'importe quoi à des photos, comme par exemple de faire passer le
service d'ordre de la CNT pour des policiers infiltré!… Info? Intox? Ou
parano?".
Parano
est la réponse froide. Mais que voulez-vous, vu qu'il y avait aussi de vrais
flics infiltrés dans la manif, personne n'est à l'abri d'une crise.
«Cecily
LA VIE S'ECOULE
LA VIE S'ENFUIT
La
vie s'écoule, la vie s'enfuit,
Les
jours défilent au pas de l'ennui.
Parties
des rouges, partie des gris,
Nos
révolutions sont trahies.
Le
travail tue, le travail paie,
Le
temps s'achète au supermarché,
Le
temps payé ne revient plus,
La
jeunesse meurt de temps perdu.
Les
yeux faits pour l'amour d'aimer
Sont
le reflet d'un monde d'objets.
Sans
rêve et sans réalité,
Aux
images nous sommes condamnés.
Les
fusillés, les affamés,
Viennent
vers nous du dond du passé.
Rien
n'a changé, mais tout commence,
Et
va mûrir dans la violence.
Brûlez,
repaires de curés,
Nids
de marchands, de policiers !
Au
vent qui sème la tempête,
Se
récoltent les jous de fête.
Les
fusils, sur nous, dirigés
Contre
les chefs vont se retourner.
Plus
de dirigeants, plus d'Etats,
Pour
profiter de nos combats.
ANONYME
(deuxième moitié du 20ème siècle,
début des années 1960).
CHANTS
REVOLUTIONNAIRES
Samedi
10 Fevrier 2002
A
partir de 16H
Au
CENTRE
LIBERTAIRE
65
Rue du Midi 1000 Bruxelles
ATELIER CHANT
Avec
Les CHŒURS
de la Marée
noire
(voir agenda page 31)