ALTERNATIVE LIBERTAIRE  N° 11 - Février 2002  

 


LE COLLECTIF DE

RESISTANCE AUX CENTRES FERMES

ET AUX EXPULSIONS

 

 

Ceci est un appel à aide et à soutien à toute personne désireuse de rejoindre la lutte des demandeurs d'asile.

 

 

LE COLLECTIF est un groupe de personnes qui se réunit régulièrement, afin d'élaborer une tactique de plus en plus affinée dans le but de soutenir et de relayer la résistance des personnes incarcérées dans les différents centres fermés et/ou menacées d'expulsion du territoire.

 

Le collectif a pris la relève du Collectif contre les Expulsions, dont l'activité a dû cesser suite aux pressions insupportables des forces de l'ordre.

Nous n'avons pas besoin de vous rappeler la gravité de la situation concernant l'asile, tant en Belgique qu'en Europe. Le travail est immense. Le collectif souhaite collaborer avec toutes les personnes soucieuses de changer cette situation, même si ces personnes ne souhaitent pas adhérer aux mots d'ordre du collectif.

 

Le collectif travaille avec d'autres collectifs, en Belgique et ailleurs, dont les objectifs lui sont communs,, parfois en collaboration avec certaines O.N.G. actives sur le terrain et, dans l'urgence, avec certains parlementaires soucieux des droits de l'homme (ça existe!). Par leur biais, ainsi que par divers types d'actions à plus ou moins large audience, le collectif tente de sensibiliser un nombre croissant de personnes à cette problématique. L'objectif étant d'influer sur le cours politique de la situation de l'asile en Belgique et en Europe.

Le collectif est, par exemple, à l'origine d'une série d'actions et de mobilisations comme la contestation lors de l'expulsion collective par charter des Roms vers la Slovaquie, ainsi que celle des Ouïgours vers le Kazakhstan. Il est aussi à l'initiative de mobilisations qui ont permis la libération de personnes telles que Nancy N'tumba ou plus récemment Ibrahim Bah et Mohamed Konteh. Lors de la campagne de régularisation, il a dénoncé les carences de celle-ci tout en soutenant activement de nombreux demandeurs d'asile dans leur démarche.

 

            MOTS D'ORDRES

 

Le collectif pose trois revendications de base :

 

· Arrêt des expulsions,

· Suppression des centres fermés,

· Régularisation de tous les sans papiers[1].

 

Par ces mots d'ordre, nous nous opposons: au mythe de la nation comme groupe de gens exclusivement issu d'un territoire donné; à la machine à exclure que les différents gouvernements ont mis en place pour garantir ce mythe; à la violence exercée avant et au cours des expulsions, ouvertement légitimisée par les politiques; au racisme et à la xénophobie encouragés implicitement par les médias de désinformation; à la création de « sous-citoyens » jetés en pâture aux esclavagistes modernes et à leurs corollaires, les trafiquants d'esclaves; à l'emprisonnement sans délit qui attend nombre des réfugiés dans les centres fermés; à la stupidité du slogan « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde »; à la précarisation des droits sociaux pour certains (les sans-papiers, mais aussi les régularisés et les Belges) dans l'intérêt d'employeurs prédateurs; à l'illusion de la gestion des flux migratoires par des mesures sécuritaires, tant à l'échelle nationale qu'européenne.

 

Nous nous opposons aussi au mythe de l'Europe forteresse. La notion d'Europe forteresse permet en effet de disqualifier toute critique interne du modèle européen libéral en jouant sur le phantasme de la solidarit face à un ennemi commun, l'étranger non-européen.

Toute personne doutant de ce danger se place de fait dans la position du traitre et se vot donc criminalisée, d'où la vague de procès dont font l'objet certains militants anti-expulsions.

 

 

            STRATEGIE ET ACTIONS

 

Le collectif s'efforce de réaliser ses mots d'ordres en prônant la désobéissance civile aux lois condamnant l'aide aux étrangers en séjour illégal. Il place son action dans le cadre de la non-violence et du strict respect des personnes. Les membres du collectifs sont prêts à assumer l'entière responsabilité de son action de manière solidaire.

Le collectif  permet, par son action, de rompre l'isolement dû à l'incarcération, de dénoncer la plupart des violences subies dans les centres fermés et lors des tentatives d'expulsion, de répondre aux différents abus de pouvoir touchant les sans-papiers, de montrer que, derrière les chiffres froids diffusés par le politique, il y a des personnes et leurs histoires, des familles et des drames humains réels, et non les « profiteurs » dénoncés par les médias. Ces actions sont conditionnées à la demande faite par les personnes; seuls les sans-papiers qui souhaitent notre aide rendent possible notre action, nous ne travaillons en aucun cas sans leur collaboration volontaire.

Par nos contacts fréquents avec les réfugiés, nous pouvons établir un véritable fil d'information, sous forme de communiqués de presse, de la constitution de dossiers spécifiques et d'argumentaires ainsi que par le biais de conférences. Un aspect important de notre action consiste à sensibiliser les passagers à l'aéroport lors des tentatives d'expulsion.

L'indifférence des médias, du public, du politique, les blocages contre toute espèce de changement pour des questions d'intérêts particuliers ou par esprit nationaliste, voici les principaux adversaires de notre lutte pour les droits des réfugiés.

De tous les réfugiés.

« Alec, Flo, Jean

 

 

Contact: Marie au 0486 / 91 94 68 -Collectif de Résistance aux Centres fermés et aux Expulsions (Bruxelles); contacts avec les collectifs liégeois et gantois par notre intermédiaire; autre contact: Thierry (thitho) sur e-mail: thierry3@brutele.be

 


 



[1]Qui peut se comprendre par « les mêmes papiers pour tous le monde », ce qui amène certains à revendiquer: « plus de papier pour personne ».